Comment le Pérou, rongé par les inégalités et la corruption, s’est enlisé dans une crise profonde

C’est un record mondial : le Pérou compte désormais trois anciens présidents incarcérés. Alejandro Toledo (2001-2006), qui vient d’être extradé depuis les États-Unis vers Lima où il sera jugé pour corruption, a rejoint derrière les barreaux deux autres anciens chefs de l’État : Alberto Fujimori (1990-2000), condamné en 2009 à 25 ans de prison pour crimes contre l’humanité, et le dernier président en date à avoir été élu, Pedro Castillo (2021-2022).

La destitution et l’arrestation de ce dernier en décembre 2022 avaient été suivies de manifestations massives de ses partisans, majoritairement issus des communautés dites indigènes (environ un quart des 33 millions d’habitants du pays). Ce mouvement fut réprimé dans la plus grande violence.

Si aujourd’hui un calme relatif semble revenu, le Pérou n’en demeure pas moins plongé dans une crise profonde dont on peine à discerner la fin.

De la chute de Castillo à la répression de ses partisans

Le 7 décembre 2022, confronté à une motion de destitution lancée par les parlementaires de droite et d’extrême droite, majoritaires au Congrès, Castillo (qui avait été élu président en juillet 2021 sous les couleurs du parti marxiste Pérou libre) annonce la dissolution du Congrès, la création d’un gouvernement d’urgence exceptionnel et la convocation imminente d’une Assemblée constituante.

Cette initiative est désavouée par la plupart de ses ministres et par la vice-présidente Dina Boluarte, élue sur le ticket de Castillo en 2021 mais qui ...


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