La pénurie de carburants dans les Hauts-de-France pose problème aux infirmiers

Un panneau indiquant « Pas de carburant dans toute la station » dans une station-service TotalEnergies à Marseille, dans le sud de la France, le 6 octobre 2022.
NICOLAS TUCAT / AFP Un panneau indiquant « Pas de carburant dans toute la station » dans une station-service TotalEnergies à Marseille, dans le sud de la France, le 6 octobre 2022.

CARBURANTS - La situation s’aggrave dans le nord de la France. Suite au mouvement de grève dans plusieurs raffineries françaises, la pénurie d’essence et de gasoil dans les Hauts-de-France prend de l’ampleur, au point d’empêcher le personnel de santé de pouvoir pratiquer des soins, faute de carburant pour se déplacer.

Et si le Syndicat National des Infirmières et Infirmiers Libéraux (Sniil) s’est ému de cette situation, au point d’interpeller le ministère de la Santé sur cette problématique, la situation reste tendue face aux pompes à sec, comme en atteste John Pinte, le président national de la Sniil sur Twitter ce jeudi 6 octobre. « Le gouvernement parle de tension sur l’approvisionnement. Dans certains secteurs ces pénuries empêchent des idel (infirmiers libéraux) d’exercer et surtout des patients d’avoir leurs soins ».

Sur franceinfo, John Pinte a également tiré la sonnette d’alarme sur cette situation. « C’est vécu comme une réelle pénurie par des infirmiers qui vont s’approvisionner même en Belgique quand ils ne sont pas trop loin de la frontière ».

D’après lui, ce contexte de pénurie pourrait même conduire à une sélection parmi les patients. « Les plus éloignés ne pourront pas avoir le passage de l’infirmière à certains moments. Ce sont des choses qui pourraient arriver. On évite bien sûr d’en arriver à cette situation, mais quand le réservoir est vide, malheureusement, si votre patient est à 10 kilomètres, il n’y a pas d’autre solution », prévient-il.

« On sait bien que le temps que la situation redevienne à la normale, ça prend toujours plusieurs jours. On va être confronté à cette difficulté pendant encore plusieurs jours. S’il n’y a pas des mesures bien plus draconiennes de prises, on ne va pas pouvoir assurer tous les soins », a-t-il encore averti.

Jusqu’à la réquisition de stations-service ?

Pour faire face à cette situation de plus en plus préoccupante pour le secteur des soins et de la santé, une partie des stocks stratégiques ont été débloqués depuis mercredi, dans trois dépôts toujours en activité dans la région, afin de réapprovisionner les stations-service en carburant.

Une mesure supplémentaire a d’ailleurs été prise par la préfecture de la région Hauts-de-France et du Nord pour mettre en place un « accès prioritaire » au bénéfice des transports sanitaires et des professionnels de santé munis d’une carte professionnelle de médecin ou d’infirmier « dans le but d’assurer la continuité des missions de service public ».

Sur le site de la préfecture du Nord, il est également spécifié qu’en cas de « dégradation de la situation, le préfet procédera à des réquisitions visant à imposer par arrêté préfectoral à certaines stations essence, jusqu’alors ouvertes au grand public, de n’approvisionner en carburant que les véhicules prioritaires ».

Comme le précise la Voix du Nord, le plan d’organisation des secours dit « Orsec » concernerait alors : « police, gendarmerie, défense, sapeurs pompiers, douane, services de déminage, activités hospitalières, établissements et services sanitaires sociaux et médico-sociaux, professionnels de santé, ambulances, VSL et taxi conventionnés, collecte transport de sang et d’organes, distribution de produits pharmaceutiques et de produits de santé, services de soin à domicile, pompes funèbres et soins des défunts, organisations secouristes et véhicules liés aux interventions d’urgence (ENEDIS, GRDF, DIR, sociétés d’autoroute, dépannages routiers) ».

Comme l’indiquait hier Olivier Véran, à l’issue du Conseil des ministres, près de 12 % des stations en France connaissent des « difficultés d’approvisionnement sur au moins un type de carburant » à la pompe, avec des situations variables selon les régions, les Hauts-de-France étant la région la plus touchée avec environ 30 % des stations, suite au mouvement social chez TotalEnergies.

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