Son père tue sa mère atteinte d'Alzheimer et se suicide: il appelle à légiférer sur la fin de vie

Jean, 54 ans, a appris en mars dernier la mort de sa mère atteinte de la maladie d'Alzheimer, tuée de la main de son père, avant que celui-ci ne se suicide. Il dénonce dans Le Parisien l'absence de loi sur la fin de vie en France, alors que les débats sur le projet législatif n'ont jamais été menés à leur terme.

"Si le suicide assisté était autorisé en France, mes parents auraient pu partir en douceur." Jean, 54 ans, livre un témoignage poignant au Parisien sur la mort de ses deux parents, alors que l'examen du projet de loi autour d'une hypothétique aide à mourir n'est jamais arrivé à son terme en raison de la dissolution de l'Assemblée nationale.

Dans la nuit du 23 mars, son père, un ancien militaire de 89 ans, s'est défenestré dans le 9e arrondissement de Paris. Un peu plus tôt, il avait poignardé sa femme de 86 ans, la mère de Jean, atteinte de la maladie d'Alzheimer.

"C’était un acte d’ultime désespoir et d’amour", estime le fils des défunts, qui voit dans le geste de son père l'aboutissement d'une philosophie claire.

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"Ma mère, ex-pharmacienne, répétait que le jour où elle tomberait malade, elle avalerait des petites pilules. Mon père, ancien militaire, aussi en parlait librement. À la maison, ce n’était pas tabou. Il avait même dit à mon épouse: 'Quand la vie me sera insupportable, je ferai ce qu’il faut'", raconte Jean au quotidien.

Malgré sa connaissance de la volonté de ses parents, leur fils reste "submergé de questions et de remords". Il regrette la "violence inouïe" de l'acte et l'absence d'alternative légale pour une fin de vie choisie.

"Si le suicide assisté était autorisé en France, mes parents auraient pu partir en douceur. Ce drame aurait été évité. Ils avaient fêté l’an dernier leurs soixante ans de mariage. Ils étaient de ces couples faits pour durer, lié par un amour très fort", témoigne-t-il.

Le projet de loi fin de vie porté par le gouvernement, aujourd'hui démissionnaire, n'avait pas pu être voté par le Parlement. Lorsqu'Emmanuel Macron a acté la dissolution de l'Assemblée nationale le 9 juin au soir des résultats des élections européennes, tous les travaux législatifs en cours ont été annulés.

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Ce texte, tel qu'il était envisagé avant sa mise en arrêt, excluait toutefois les personnes atteintes d'Alzheimer ou d'autres maladies neurodégénératives du dispositif. La possibilité d'inscrire cette volonté dans les directives anticipées n'était pas non plus possible.

La nouvelle législature qui fait sa rentrée ce jeudi 18 juillet sera-t-elle à nouveau chargée par un autre gouvernement d'étudier la question? À ce stade, l'incertitude politique rend tout aussi flou le sort de ce dossier épineux. Le corrolaire de cette question, la possible mise en place d'une aide active à mourir, est aussi incertaine.

Article original publié sur BFMTV.com