Publicité

Ouverture du procès de Ghislaine Maxwell, "rabatteuse" présumée de Jeffrey Epstein

Ghislaine Maxwell lors d'une conférence à New York, le 20 septembre 2013
 - Laura Cavanaugh © 2019 AFP
Ghislaine Maxwell lors d'une conférence à New York, le 20 septembre 2013 - Laura Cavanaugh © 2019 AFP

876450610001_6284346695001

Deux ans après le suicide en prison du milliardaire Jeffrey Epstein, accusé de crimes sexuels, le procès de son ex-compagne Ghislaine Maxwell, accusée d'avoir recruté des jeunes filles mineures pour le financier et son entourage, commence lundi à New York.

La fille du magnat de la presse Robert Maxwell, 59 ans, est en prison aux Etats-Unis depuis l'été 2020 et encourt la prison à vie au terme de débats qui doivent durer six semaines.

Une victime présumée du milliardaire présente

Ses avocats sont arrivés peu avant 9h (14h GMT) dans le bâtiment de la cour fédérale de Manhattan. Une victime présumée de Jeffrey Epstein, Sarah Ransome, était également présente.

Selon le complexe système pénal américain, le procès avait techniquement commencé mi-novembre par la sélection des 12 jurés, une procédure qui devait encore se terminer lundi matin.

Ghislaine Maxwell, femme brune, élégante et souriante sur les dernières photos au faîte de sa gloire, est aujourd'hui décrite par le FBI et les procureurs comme une "scélérate" cultivant l'art de la "manipulation".

Cette ultra-mondaine est soupçonnée d'avoir joué le rôle de "rabatteuse" en recrutant entre 1994 et 2004 des jeunes filles mineures exploitées sexuellement pour le compte de Jeffrey Epstein. Ghislaine Maxwell a entretenu pendant près de 30 ans une relation amoureuse, amicale et professionnelle avec ce dernier, jusqu'à ce qu'il soit incarcéré et se suicide en prison en 2019.

"Il n'y aurait pas eu de Jeffrey Epstein sans Ghislaine Maxwell"

La Franco-Américano-Britannique se dit innocente et plaide non coupable des six chefs d'inculpation. Elle ne devrait pas s'exprimer à l'audience.

"Mes clientes espèrent qu'elle sera reconnue coupable de toutes les charges et qu'elle passera le reste de ses jours en prison", a déclaré devant le tribunal Lisa Bloom, avocate de plusieurs victimes présumées de Jeffrey Epstein, dont une également de Ghislaine Maxwell. "Pour ma cliente qui connaissait Ghislaine Maxwell, il n'y aurait pas eu de Jeffrey Epstein sans Ghislaine Maxwell (...). Pour elle, Ghislaine Maxwell était comme une dealeuse qui apportait sa drogue à Epstein, et sa drogue c'était des jeunes filles", a-t-elle ajouté.

L'accusée, qui a vécu et grandi dans des milieux hyper-privilégiés, se plaint depuis 18 mois de ses conditions de détention dans une prison de Brooklyn. Elle a dénoncé mi-novembre via ses avocats dans le journal britannique Mail on Sunday des "agressions depuis un an et demi", le fait d'être privée de sommeil et de n'avoir que de la "nourriture avariée".

Ses frères et soeurs ont même saisi le 22 novembre à Genève des experts du groupe de travail de l'ONU sur la détention arbitraire.

Accusée d'avoir participé aux agressions sexuelles avec son compagnon

La défense devrait plaider que les crimes présumés remontent à plus de 20 ans - une psychologue éclairera le tribunal sur le phénomène des "faux souvenirs" - et surtout que Ghislaine Maxwell est jugée en lieu et place du principal protagoniste

De son côté, l'accusation se fonde sur quatre plaignantes anonymes - dont deux n'avaient que 14 et 15 ans - qui racontent avoir été approchées par des "rabatteuses", dont Ghislaine Maxwell, près de leur école ou à leur travail.

Puis, après le cinéma et le shopping "entre copines", les jeunes filles étaient persuadées, pour quelques centaines de dollars, de venir faire un massage, présenté comme non sexuel, à un puissant New-Yorkais prêt à faire décoller leur carrière.

D'après les procureurs, l'accusée aurait également participé aux agressions sexuelles avec son compagnon, soit chez elle à Londres, soit chez lui à Manhattan, en Floride et au Nouveau-Mexique.

Également accusée d'avoir menti sous serment

L'ombre de Jeffrey Epstein sera évidemment omniprésente, plus de deux ans après son suicide qui a privé ses victimes d'un procès. Le milliardaire avait bien été condamné en Floride en 2008 pour avoir payé des jeunes filles pour des massages. Mais il n'avait fait que 13 mois de prison à la suite d'un accord confidentiel avec le procureur de l'époque.

Une autre ombre planera sur le procès Maxwell: celle du prince britannique Andrew, un proche d'Epstein, cible depuis août d'une plainte distincte pour "agressions sexuelles" déposée par une Américaine, Virginia Giuffre. Cette plainte devrait être examinée fin 2022 devant un tribunal civil à New York, même si le second fils de la reine Elizabeth II n'est pas poursuivi au pénal et nie ces faits qui se seraient déroulés entre 2000 et 2002, lorsque Virginia Giuffre était mineure.

Après son procès, Ghislaine Maxwell devrait aussi être jugée pour avoir menti sous serment après avoir témoigné en 2016 lors d'une procédure qu'elle avait engagée pour diffamation contre Virginia Giuffre, laquelle l'accuse d'avoir joué l'entremetteuse pour le prince Andrew.

D'autres noms pourraient être cités: les anciens présidents américains Bill Clinton et Donald Trump, en raison de leur présence à des fêtes new-yorkaises, et l'ex-agent français de mannequins Jean-Luc Brunel, ami d'Epstein, inculpé et écroué à Paris en décembre 2020 pour viols et agressions sexuelles.

Article original publié sur BFMTV.com