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Ouverture à Moscou du salon aéronautique MAKS

par Gleb Stolyarov

JOUKOVSKY (Russie) (Reuters) - Le plus grand salon aéronautique de Russie, qui a ouvert ses portes mardi, devrait s'avérer décevant, la crise et les sanctions occidentales pesant lourdement sur les commandes d'avions.

En revanche, la demande d'avions militaires est en plein essor et le salon biennal MAKS joue de plus en plus le rôle de vitrine de la puissance militaire du pays. Selon la presse russe, la Russie et l'Iran signeront un accord d'un milliard de dollars pour des missiles S-300 pendant ce salon de trois jours.

Il y a deux ans, juste avant la crise ukrainienne qui a plongé les relations entre la Russie et l'Occident à leur plus bas niveau depuis la Guerre froide, le salon MAKS avait donné lieu à des contrats d'environ 21 milliards de dollars (18,25 milliards d'euros), un montant inimaginable aujourd'hui.

"Les raisons pour lesquelles le nombre de contrats est en forte baisse est très simple - le marché russe de l'aviation se contracte en raison de la chute du rouble et de la baisse du pouvoir d'achat, qui incite les gens à voyager moins", dit Andrei Rozhkov, analyste financier chez Metropol. "Les compagnies russes ont non seulement arrêté d'acheter des avions mais repoussent les livraisons d'anciens contrats."

L'effondrement des cours du pétrole a provoqué une forte chute de la valeur du rouble, qui oblige les Russes à se serrer la ceinture et à limiter leurs dépenses non essentielles telles que les voyages à l'étranger, qui ont chuté de 40% cette année.

Le président russe Vladimir Poutine s'est néanmoins montré optimiste lors de la cérémonie d'ouverture du salon: "Je suis convaincu qu'en dépit de l'environnement politique actuel, le MAKS servira comme par le passé de plate-forme efficace pour les discussions entre experts, le développement de la coopération industrielle et pour trouver de nouveaux partenaires."

NOMBRE DE PARTICIPANTS EN BAISSE

Toutefois, le groupe public United Aircraft Corporation (UAC), qui a regroupé la plupart des constructeurs aéronautiques au cours de la dernière décennie, est soumis aujourd'hui aux sanctions européennes imposées contre Moscou pour son rôle dans la crise ukrainienne, ce qui l'empêche de lever de la dette à long terme sur les marchés internationaux.

Mardi, l'UAC a signé un accord pour la fourniture de 32 avions Sukhoi Superjet 100 à la société de leasing Russian State Transport Leasing Company, finalisant ainsi un contrat annoncé l'an dernier et financé par un emprunt d'Etat. Le montant de l'opération a été estimé à 1,1 milliard de dollars.

Le constructeur d'avions Irkut, qui fait également partie de l'UAC et développe les modèles d'avions de courte et moyenne portée MC-21, pourrait également signer un accord de livraison de 20 appareils à la société de leasing de la banque publique Sberbank, selon des sources du secteur.

Une porte-parole d'Irkut a dit que la signature de contrats était possible mais s'est refusée à tout autre commentaire.

En 2013, l'UAC avait signé des contrats pour la livraison de 96 Superjets et 82 MC-21 d'une valeur totale de neuf milliards de dollars. Plusieurs compagnies de leasing russes avaient en outre conclu des contrats pour l'achat de 100 appareils Bombardier Q400 valant 3,4 milliards de dollars.

Mais depuis l'annexion de la Crimée par la Russie et les sanctions occidentales, les espoirs d'importantes exportations d'appareils russes tels que les Superjets se sont évaporés.

Le nombre de participants et d'exposants devrait également diminuer cette année. Plus de 1.000 sociétés avaient assisté aux MAKS en 2013 pour présenter leurs produits, de 44 pays.

Cette année, le japonais Yokohama Rubber Company est le seul sponsor officiel étranger du salon.

"Boeing, Airbus, Siemens, participent encore tous bien sûr, mais de façon relativement modeste", selon une source de l'UAC.

(Juliette Rouillon pour le service français, édité par Simon carraud)