Ouverture en Turquie du procès de la catastrophe minière de Soma

Le site de Soma, en mai dernier. Plusieurs centaines de personnes ont perturbé lundi à Akhisar, dans l'ouest de la Turquie, l'ouverture du procès de la catastrophe minière, qui a provoqué la mort de 301 mineurs en mai dernier, réclamant la comparution des dirigeants incriminés. /Photo prise le 18 mai 2014/REUTERS/Osman Orsal

AKHISAR, Turquie (Reuters) - Plusieurs centaines de personnes ont perturbé lundi à Akhisar, dans l'ouest de la Turquie, l'ouverture du procès de la catastrophe minière de Soma, qui a provoqué la mort de 301 mineurs en mai dernier, réclamant la comparution des dirigeants incriminés. Quarante-cinq prévenus, dont le président de la compagnie et les directeurs de la mine, comparaissent pour des charges allant de meurtre avec intention probable à homicide par négligence criminelle. Huit d'entre eux sont en détention préventive mais leur absence à l'audience de lundi a provoqué la colère des familles de victimes. Le magistrat qui préside les débats a réclamé l'intervention de policiers pour faire cesser les manifestations avant d'ajourner l'audience et de réclamer que huit accusés placés en détention préventive soient contraints de comparaître mercredi. "Amenez ici les meurtriers que nous puissions les voir les yeux dans les yeux", a lancé le proche d'une victime à l'intérieur du tribunal. Les manifestants réclament des sanctions lourdes contre les responsables de la compagnie minière. L'accident de Soma, où un incendie a provoqué de violents dégagements de monoxyde de carbone à l'origine des décès, constitue le plus grave accident industriel de l'histoire de la Turquie. "Pas un accident mais un meurtre", pouvait-on lire sur une banderole que les manifestants ont déroulée devant le tribunal. Certains d'entre eux portaient des casques de mineurs peints en noir et des pancartes rappelant le nom des disparus. Une dizaine de policiers sont entrés dans la salle d'audience alors que le juge ordonnait une suspension des débats dans l'attente d'un retour au calme, mais aucun affrontement n'a eu lieu. Selahattin Demirtas, chef de file du Parti démocratique du peuple (HDP, pro-kurdes), a déclaré à la presse que des responsables politiques devaient eux aussi être jugés. "Pas un seul homme politique n'est assis sur le banc des accusés. La justice ne sera pas pleinement rendue tant que la cour ne prendra pas en considération la responsabilité des politiciens", a-t-il dit. (Ece Toksabay; Henri-Pierre André et Nicolas Delame pour le service français)