Ouattara invité à briguer un nouveau mandat après la mort du Premier ministre ivoirien

OUATTARA INVITÉ À BRIGUER UN NOUVEAU MANDAT APRÈS LA MORT DU PREMIER MINISTRE IVOIRIEN

par Ange Aboa

ABIDJAN (Reuters) - Les dirigeants du parti au pouvoir en Côte d'Ivoire sont convenus d'appeler le président Alassane Ouattara à briguer un troisième mandat lors de la présidentielle d'octobre prochain après le décès subit du Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, qui était candidat, selon deux sources.

Un petit groupe de dirigeants du RDHP (Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix), présidé par le secrétaire exécutif du parti, Adama Bictogo, s'est réuni de façon informelle tard mercredi soir, selon ces deux sources internes à la formation politique ayant requis l'anonymat.

"Nous pensons unanimement que seul le président Ouattara peut reprendre le drapeau. Il est le seul à pouvoir nous unir", a déclaré une de ces sources.

"C'est vrai qu'il a dit qu'il ne voulait pas se porter candidat, mais la situation a changé."

Selon ces sources, une nouvelle réunion plus formelle est prévue ce jeudi.

La présidence ivoirienne n'a pas souhaité commenter ces informations.

Alassane Ouattara avait annoncé en mars qu'il ne serait pas candidat à sa succession, après dix ans à la tête de la Côte d'Ivoire. Il avait désigné Amadou Gon Coulibaly, son plus proche allié politique, comme candidat du RHDP pour ce scrutin présidentiel qui s'annonce comme le plus contesté depuis celui de 2010, au cours duquel la victoire d'Alassane Ouattara contre Laurent Gbagbo avait déclenché une brève guerre civile qui avait fait 3.000 morts.

Amadou Gon Coulibaly qui avait subi une intervention cardiaque en 2012, est mort mercredi après avoir fait un malaise, moins d'une semaine après son retour de France où il s'était rendu début mai pour un "contrôle médical".

Son décès contraint le RHPD à rechercher un autre candidat dans l'urgence, alors que la date limite de dépôt de candidature pour le scrutin du 31 octobre est fixée à la fin du mois.

Alassane Ouattara avait fait savoir qu'il préfèrerait passer la main à une nouvelle génération, mais une nouvelle Constitution adoptée en 2016 l'autorise à se porter candidat pour un troisième mandat, ce que ses opposants contestent.

"Il a toujours fait l'unanimité dans son propre camp. Mais (une nouvelle candidature) serait extrêmement dangereuse, en particulier pour l'opposition, qui pourrait ainsi trouver un ennemi commun", a déclaré Rinaldo Depagne, directeur de projet de l'ONG pacifiste International Crisis Group pour l'Afrique de l'Ouest.

Le futur représentant du RHDP sera opposé à l'ancien président Henri Konan Bedié, qui a anoncé sa candidature le mois dernier. D'autres candidats pourraient encore se manifester d'ici au 31 juillet.

(Avec Aaron Ross à Dakar, version française Myriam Rivet, édité par Jean-Stéphane Brosse)