Osiris-Rex : l’échantillon de l’astéroïde Bennu arrive sur Terre après une mission de sept ans

ESPACE - Attention, fragile. Après sept ans à explorer Bennu, l’un des astéroïdes proches de la Terre, la mission Osiris-Rex de la Nasa touche à sa fin. Les échantillons collectés par la sonde spatiale doivent arriver sur Terre, dimanche 24 septembre pour être analysés par les scientifiques. Retour sur une mission à 200 millions de kilomètres de la Terre.

Le 9 septembre 2016, une fusée décolle de Cap Canaveral aux États-Unis, avec à son bord la sonde spatiale Osiris-Rex. C’est le début de la mission éponyme, qui a pour objectif de récupérer des échantillons de l’astéroïde Bennu. Il faudra tout d’abord deux ans à la sonde pour arriver jusqu’à destination, puis deux autres pour évaluer l’astéroïde sous tous les angles avant de décider du meilleur endroit pour atterrir et récupérer les fragments qui le composent.

Un astéroïde plein de surprises

Le 21 octobre 2020, alors que le Covid-19 sévit dans le monde, les scientifiques assistent à l’atterrissage d’Osiris-Rex sur Bennu par visioconférence. Mais contrairement à ce que pensaient les scientifiques et malgré toutes les données collectées, la surface de l’astéroïde n’est pas du tout comme ils l’avaient imaginé. La sonde a touché le sol de l’astéroïde pendant près 6 secondes mais ces 6 secondes ont totalement dérouté les scientifiques.

Comme vous pouvez le voir sur la vidéo en tête de l’article , alors que le bras de la sonde arrive à la surface de l’astéroïde pour récupérer des grains de sable et de poussière du sol de Bennu, on le voit s’y enfoncer comme dans du sable avant de redécoller. « Et ça, alors qu’on est nombreux dans l’équipe, qu’on est resté plus de deux ans autour de Bennu, qu’on a des images incroyables, personne ne l’avait prévu. », raconte Patrick Michel, astrophysicien et directeur de recherche au CNRS, ayant travaillé sur la mission Osiris-Rex.

Un phénomène qui a permis à la sonde de récupérer une grosse quantité de matière, à tel point que le compartiment n’arrivait plus à fermer, ce qui a d’ailleurs inquiété la Nasa. Interviewé par Le HuffPost, le chercheur revient sur ce moment surprenant : « On s’est demandé comment c’est possible, qu’en dépit du fait qu’on voit des roches qui sur Terre sont solides, sur un astéroïde ça ne l’est pas nécessairement ? » Des questionnements auxquels les scientifiques espèrent répondre avec l’arrivée des échantillons sur notre planète ce dimanche.

Comprendre les origines de la Terre

Pourtant, ce n’est pas la première fois que des échantillons d’astéroïdes sont ramenés sur Terre. Le Japon a déjà effectué deux missions similaires. En 2020, la sonde Hayabusa-2 avait rapporté 5,4 grammes de l’astéroïde Ryugu. Mais pour la Nasa, ce type de mission reste inédite et les scientifiques espèrent avoir récolté plus de 200 grammes.

Une fois sur Terre, ils seront transférés par hélicoptère de l’Utah jusqu’au Centre spatial Johnson de Houston, au Texas. L’un des enjeux est de ne pas contaminer ces échantillons avec l’environnement terrestre. Une boîte en métal agrémentée de gants a donc été spécialement développée pour les accueillir. Ils seront ensuite précieusement manipulés et analysés pendant deux ans par une équipe de scientifiques de la Nasa mais aussi du monde entier, dont la France. Une partie des échantillons seront également gardés pour les générations futures.

En étudiant ces fragments, les scientifiques espèrent en apprendre davantage sur le rôle qu’auraient joué les astéroïdes dans la formation des planètes et notamment la nôtre. « L’objectif est de conforter ou vérifier les scénarios, dont certains ont été développés à Nice par mon équipe, qui prédisent qu’à la fin de la formation de la Terre, il y a eu beaucoup d’impacts. Et ces derniers auraient amené tous les ingrédients qui ont permis à la vie d’émerger sur Terre », explique Patrick Michel. Malgré l’attrrissage des échantillons, l’aventure est donc loin d’être terminée.

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