Les orphelins de la violence policière au Venezuela

Parfois, Jennifer Blanco, 14 ans, se réveille en sursaut la nuit, sans raison apparente. “Je regarde autour de moi, je touche mes frères pour voir s’ils respirent […] Après, quand je vois que tout va bien, je me recouche”, confie-t-elle à Monitor de víctimas, une plateforme journalistique qui collecte des données sur la violence policière au Venezuela.

Ses cauchemars ont commencé après l’assassinat de son père, Amilcar Blanco, par des membres des Forces d’actions spéciales de la police bolivarienne, les redoutables FAES. Entre 2017 et 2022, la plateforme journalistique a recensé 2 033 victimes présumées d’exécutions commises par les forces de l’ordre dans cinq États du pays, qui ont laissé au moins 1 520 orphelins.

Amilcar a été assassiné après avoir participé aux manifestations contre le gouvernement de Nicolás Maduro qui ont régulièrement lieu dans le pays en proie à une grave crise économique qui a provoqué l’exode de plus de sept millions d’habitants. Des hommes en noir sont venus le chercher dans son village de l’État de Lara, à 470 kilomètres de Caracas.

D’après l’autopsie, “l’homme de 29 ans est mort de deux tirs dans la poitrine” :

“Un schéma qui se répète pratiquement chez toutes les victimes d’exécutions au Venezuela : les fonctionnaires ont présenté la mort comme un cas de résistance à l’autorité.”

Le pays connaît “une mortalité due aux violences policières […] supérieure à celles du Brésil et des États-Unis”, deux pays pourtant connus pour leurs violentes descentes de police, d’après l’ONG Observatoire vénézuélien de la violence.

Difficile d’espérer obtenir un suivi psychologique

Après la mort d’Amilcar, Jennifer a souffert pendant un temps du syndrome de Pica, un trouble alimentaire qui lui fait manger de la terre, des feuilles et du bois.

“Les frères et sœurs de Jennifer ne sont pas non plus sortis indemnes de ce traumatisme. Fernando, 13 ans, a des problèmes de vision, d’audition et d’apprentissage, tandis que Leonardo, 5 ans, est anémique et terrifié par tout bruit ressemblant à un coup de feu.”

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