Orpheline de vie

Dans «les Bijoux de pacotille», au Rond-Point, Céline Milliat-Baumgartner se raconte à travers la mort prématurée de ses parents.

Une robe d’été de petite fille, des bottines aux talons carrés de femme, un âge indécis mais jeune, comme si le temps s’était bloqué à l’enfance sans que cette particularité n’ait entamé l’adulte. Une diction très particulière, qui laisse entendre l’ironie, l’humour, la mélancolie, le plaisir, que chacun des mots de ce récit autobiographique trimballe. Une manière de les couper, ces mots, et de les faire résonner à nouveau, comme si c’était la première fois. Ils sont autant de galets polis par l’oubli et l’impossibilité trouble d’en finir avec la mémoire, le traumatisme, la vie d’avant qui tient dans une poignée d’années : de 0 à 8 ans.

Céline Milliat-Baumgartner est seule en scène dans cette tragédie vraie, la sienne. Ses parents sont morts dans un accident de voiture alors qu’elle n’avait pas 9 ans. Elle et son frère étaient gardés par un baby-sitter, qui a fini par trouver le temps long jusqu’au matin, et le coup de fil du grand-père. «Surtout, ne rien dire aux enfants, noyer le poisson.» Mais les enfants ne sont pas des poissons, et ils finiront par s’apercevoir qu’ils n’ont plus de parents, même s’ils n’ont pas été conviés à l’enterrement. Comment joue-t-on soi enfant et soi adulte ? Comment montrer sa mère, ou plutôt son souvenir, sans l’adjonction d’images, mais en retrouvant sa sensation de petite fille qui tient la main de son héroïne ? Comment parler d’une ressemblance qui s’estompe, et pourtant si précieuse, entre soi et sa mère, preuve qu’elle continue d’exister ? Michèle Baumgartner était actrice et elle emmenait sa fille à ses rendez-vous professionnels en lui disant de ne jamais devenir comédienne, «c’est trop dur». Jusqu’au jour où sa fille a repris tous ses rôles et s’est mise à l’incarner à travers le prisme de ses personnages. C’est la qualité de l’écriture et le jeu dans les époques qui crée la juste distance, pour (...) Lire la suite sur Liberation.fr

A l’Odéon, un aller-retour vers le Brésil en correspondance à «Ithaque»
Le festival Up ! fait Grand-Place au cirque
Stéphane Guillon, moi, moche et méchant
«Dad Is Dead», un tandem qui ne manque pas de selle
A Villeurbanne, les jeunes auteurs passent à l’acte