Publicité

«Orpheline», l’amour à tout prisme

A travers quatre actrices, Arnaud des Pallières capte les diverses phases de la vie de son héroïne, marquée par un drame dans son enfance.

Apprendre à vivre : le cinéma ne nous enseigne que ce nous savons déjà. On dirait même qu’il ne peut nous apprendre que ce qu’il ne sait pas lui-même. Etranges figures de maîtres que ceux qui font des films : le cinéaste ne donne pas de leçons, il distribue les coups. Maître cruel et qui doit rester ignorant, châtiant la liberté pour mieux l’encourager, il accompagne, proclame et provoque, sans la payer de mots, la violence des libérations. Orpheline d’Arnaud des Pallières raconte quatre âges de la vie de son personnage, sous les traits - ou sur les traits - de quatre actrices qui jouent une femme adulte (Adèle Haenel), une jeune fille (Adèle Exarchopoulos), une adolescente (Solène Rigot) et une enfant (Vega Cuzytek).

Orpheline sort dans une sale époque, et y répond au plus près de ce qui fait une vie. Cette vie se dessine comme un rapport entre ses âges, et non selon le simple passage du temps. Le film a un côté cartographique : il nous laisse faire nous-mêmes le trajet entre ses points. Dans le monde Google, on passe de la map à la street view d’après une solution de continuité. Au cinéma comme dans la vie, cela se fait plutôt par sauts, entre ce qui nous meut et ce qui nous pousse dans le dos.

Equation. Si Orpheline est aussi simple et radical, c’est qu’il ne parle que de choses essentielles : la mort (dans l’épisode du drame de l’enfance), le sexe (à l’adolescence), l’argent (la jeunesse du pari, des courses et du crime). Où l’important, c’est d’arriver à compter jusqu’à quatre : ce sera l’amour, l’âge adulte qui se compose d’un équilibre des trois autres, toujours menacé. Cet âge, joué par Adèle Haenel (Renée, l’héroïne à 27 ans), est à la fois la renaissance et l’unité des «précédents» : c’est en partant d’elle que le film fait ses va-et-vient. C’est aussi un personnage inventé pour les besoins du film, hors de (...) Lire la suite sur Liberation.fr

«Mai morire», éloge de la lenteur
Reprise
«Félicité», l’éclat ordinaire
Alain Gomis et l’envoûtant brouhaha de Kinshasa
Vite vu