Or et corruption : l’idéogramme 金 choisi par les Japonais pour l’année 2024
Après avoir choisi les idéogrammes chinois 戦 (ikusa, “guerre” en japonais) et 税 (zei, “impôt”) pour représenter respectivement les années 2022 et 2023, les Japonais ont opté, pour 2024, pour le caractère chinois 金 (kin, ou kane, “or “), rapporte la chaîne publique NHK.
Comme chaque année, la sélection a été dévoilée le 12 décembre dans le temple Kiyomizudera, à Kyoto. Depuis 1995, Nihon Kanji Kentei Kyokai, une association qui organise des examens de connaissance des kanjis, les caractères chinois importés au Japon vers le VIe ou le VIIe siècle et devenus essentiels pour la langue du pays, invite chaque année les Japonais à voter pour un caractère qui résume l’année écoulée. Avec 12 100 voix, c’est le caractère 金 qui a remporté les suffrages. Se lisant kin ou kane en japonais, il représente l’or ou l’argent (non la matière, mais dans le sens de la monnaie).
Selon la NHK, ce choix fait référence aux Jeux olympiques de Paris ou à l’inscription au patrimoine mondial de l’Unesco des mines d’or de l’île de Sado. Or le caractère voulant dire aussi “argent” dans le sens de monnaie de paiement, le choix de cette année évoque l’inflation qui se poursuit dans l’archipel, mais surtout le scandale de corruption au sein du Parti libéral démocrate (PLD), au pouvoir, qui a conduit à la perte de sa majorité à la chambre basse lors des élections législatives d’octobre.
Revoir le concept du concours
Réagissant à cette nouvelle, le chef du PLD et Premier ministre japonais, Shigeru Ishiba, a trouvé “dommage” qu’un caractère symbolisant une telle situation ait été choisi pour représenter l’année 2024. “Il faut faire de la politique quelque chose d’étanche face au pouvoir de l’argent”, a-t-il affirmé, cité par le quotidien Asahi Shimbun.
Néanmoins, 2024 ayant été une année marquée par les soubresauts de l’actualité mondiale, comme la présidentielle américaine et les guerres au Moyen-Orient, on pourrait s’interroger sur la pertinence de cette sélection. “Ces dernières années, des choix qui semblent être décalés se multiplient”, reconnaît Miki Tonomura, qui avait conçu le concours en 1995, cité par le quotidien Yomiuri Shimbun.
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