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"Operation Save Big Dog": attaqué de toutes parts, le plan de Boris Johnson pour sauver sa peau

Le Premier ministre britannique Boris Johnson devant le Parlement à Londres, le 12 janvier 2022 - JESSICA TAYLOR © 2019 AFP
Le Premier ministre britannique Boris Johnson devant le Parlement à Londres, le 12 janvier 2022 - JESSICA TAYLOR © 2019 AFP

Se secouer les puces pour sauver sa peau. Accablé par une série de révélations sur des apéritifs et autres soirées alcoolisées - dont la plus récente à la veille des funérailles du prince Philip - dans sa résidence officielle en plein confinement, de plus en plus impopulaire dans l'électorat, contesté au grand jour au sein du Parti conservateur, soutenu du bout des lèvres par son gouvernement, Boris Johnson semble ces derniers jours condamné à lâcher les rênes du gouvernement. Toutefois, selon la presse locale, le Premier ministre britannique s'apprête à jouer son va-tout pour garder son poste. Et il a un plan pour ça.

La chose n'a rien de confidentiel. En effet, une même expression barre les Unes du Daily Mail, The Independent, Guardian et du site d'INews en ce début de semaine: "Operation 'Save Big Dog'", soit "Opération 'Sauvetage du gros chien'". L'idée? Contre-attaquer en moralisant le train de vie du 10, Downing Street, en écartant certains collaborateurs trop éclaboussés par les scandales et en regagnant les grâces de l'électorat ainsi que des siens par une série de mesures emblématiques.

Le bal des têtes

Il faudra au moins ça à Boris Johnson pour redresser une situation politique apparemment désespérée. Le leader travailliste Keir Starmer, celui des Libéraux-Démocrates, Ed Davey, ainsi que celui des Conservateurs écossais, Douglas Ross, ont déjà appelé à sa démission. Ce dernier nom rappelle d'ailleurs que le feu couve aussi au sein de la majorité censée appuyer l'action du gouvernement.

Certains cadres des Tories ont déjà pris position pour le départ de Boris, dont le député du Kent, Roger Gale, qui l'a surnommé le "mort-vivant" la semaine dernière. D'après Le Figaro ce mardi, ils sont même "20 à 30" représentants à avoir paraphé une lettre à leur parti pour renverser leur patron (le quorum à atteindre pour un vote de défiance est cependant de 54 élus sur un groupe parlementaire en comptant 360). Au sein du gouvernement, on ne se bouscule pas non plus pour secourir Boris Johnson pour l'instant. D'autant moins qu'on y repère aisément deux successeurs putatifs: le ministre des Finances Rishi Sunak et sa consoeur des Affaires étrangères, Liz Truss.

On comprend mieux le mouvement d'humeur du Premier ministre relayé auprès du Sunday Times par une source gouvernementale:

"Il a dit très clairement qu'il se sentait abandonné, qu'il pensait n'être responsable de rien. Que tous les autres en revanche le sont".

Aussi, l'opération "Save Big Dog" doit-elle avant tout consister en un grand coup de balai. Et "BoJo" a déjà etiquetté les têtes qu'il souhaite faire tomber au sein de son cabinet d'après le Daily Mail lundi. Son secrétaire particulier, Martin Reynolds, a peu de chance d'échapper à ce nettoyage d'hiver: c'est lui qui a écrit le mail demandant aux convives d'une fête organisée au 10, Downing Street le 20 mai 2020 - alors que les Britanniques devaient se conformer aux règles de confinement les plus strictes - à "amener chacun une bouteille".

Son adjoint, Stuart Glassborow, devrait aussi faire partie de la charrette. Enfin, Jack Doyle, qui dirige la communication de Boris Johnson, est lui aussi poussé vers la sortie.

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"Viande rouge" au menu

Mais "l'Opération" se double d'un autre volet, plus politique celui-ci. Un sous-dossier qui porte lui aussi un nom imagé: Opération "Viande rouge". INews en a détaillé le contenu sur son site lundi. Elle renvoie à la promulgation d'un ensemble de dispositions supposées plaire à l'électorat populaire - notamment celui du nord du pays - et aux députés les plus va-t-en-guerre de sa majorité.

Il s'agirait tout d'abord de geler - jusqu'en 2024 - la redevance due par le contribuable à la BBC, avant de la supprimer purement et simplement en 2027. Nadine Dorries, secrétaire d'Etat à la Culture, a déjà annoncé la mesure ce dimanche, comme l'a remarqué Le Figaro.

Ensuite, Boris Johnson prévoit la levée des restrictions sanitaires attachées à la lutte contre l'épidémie de Covid-19, et ce dès le 26 janvier. Enfin, troisième axe: promettre l'intervention de l'armée pour juguler les arrivées migratoires sur les côtes britanniques.

Increvable Johnson?

Remède de cheval pour remettre sur pattes le "gros chien". Pas sûr toutefois que ce programme-choc suffise; d'après un sondage Savanta ComRes paru samedi, la cote du Labour devance de dix points celle des Tories, alors que des élections locales se profilent au mois de mai. Une échéance qui paraît déjà bien lointaine pour un Premier ministre dont on dit la position "intenable" en janvier et qui scellerait son destin en cas d'insuccès.

Il y a un mois - après les révélations initiales autour des transgressions de mesures anti-Covid par Boris Johnson survenues en décembre -, l'ex-chef du gouvernement David Cameron prévenait toutefois Sky News:

"Boris Johnson a toujours réussi à se tirer de mauvaises passes où les simples mortels auraient sombré".

Depuis son accession à la tête du gouvernement britannique en juillet 2019, il a déjà échappé aux contrecoups des tâtonnements autour du Brexit, et surtout, à son choix premier de miser sur "l'immunité collective" contre la pandémie - une option aux effets sanitaires délétères. Et si le gros chien avait encore de la ressource?

Article original publié sur BFMTV.com