Opération Renaissance : 3 ans de polémiques pour la nouvelle émission de M6

© Jo ZHOU/M6
© Jo ZHOU/M6

Après près de trois ans de préparation, Karine Le Marchand lancera sa toute nouvelle émission sur M6 ce lundi 11 janvier. Baptisé Opération Renaissance, le programme suit des personnes obèses dans le combat pour perdre du poids, notamment par le biais de chirurgie bariatrique. Mais depuis l'annonce du projet jusqu'à aujourd'hui, la thématique de l'émission fait polémique, et une pétition a même circulé pour tenter de faire interdire sa diffusion.

"J’espère faire changer le regard sur l’obésité." Voici ce qu'affirme Karine Le Marchand dans les colonnes du Figaro lorsqu'elle évoque Opération Renaissance, sa toute nouvelle émission sur le parcours de personnes obèses pour perdre du poids. Pendant trois ans, l'animatrice connue pour l'émission L'Amour est dans le pré a suivi neuf femmes et un homme avant, pendant et après leur opération de chirurgie bariatrique. Accompagnée de dix "spécialistes du surpoids" – dont Cristina Cordula, ce qui étonne fortement les internautes – elle va suivre le parcours de ces personnes bien décidées à changer de silhouette pour changer de vie.

Vidéo. Découvrez le portrait de Karine Le Marchand

Karine Le Marchand veut "donner la parole" aux obèses

Dans son interview accordée au Figaro, l'animatrice emblématique de M6 explique qu'elle a longtemps eu des préjugés sur les personnes en surpoids : "Comme beaucoup, je pensais qu’il suffisait de volonté et d’un peu de sport pour s’en sortir. Or, c’est une maladie qui a plusieurs facteurs et qui trouve souvent son origine dans les émotions. La société juge mal les gens en surpoids et ces derniers ne sont absolument pas représentés. Qui est obèse aujourd’hui à la télévision, au cinéma ou dans les publicités ? J’ai voulu leur donner la parole."

Le tournage a duré trois ans. Une période essentielle selon l'animatrice pour "être dans la réalité et non la télé-réalité", et qui s'est accompagnée de mesures de précautions : "Je suis allée voir le Conseil de l’ordre pour leur demander ce que l’on avait le droit de faire ou pas. J’ai aussi pris contact avec le CSA et avec le ministère de la Santé, qui m’a envoyé un satisfecit." Bref, de quoi couvrir ses arrières.

Une polémique qui dure depuis trois ans

Pourtant, dès que le projet a été présenté au grand public en 2018, de nombreuses voix se sont élevées contre ce enième programme qui dit vouloir "donner la parole aux gros·ses" mais qui ne met en scène qu'un seul type de personnes en surpoids : celles qui veulent maigrir pour être mieux acceptées par une société qui déteste les gros. Dès les premières phrases de la bande-annonce, le ton est donné : "Ces personnes ont perdu entre 40 et 70 kilos, et découvrent le bonheur de vivre en bonne santé." Un premier point qui pose problème, puisqu'il est tout à fait possible d'être en surpoids et d'être en bonne santé. Le fait d'avoir des kilos en trop représente en effet des risques supplémentaires de développer certaines pathologies, mais il est tout à fait possible d'être gros·se et de n'avoir ni cholestérol, ni diabète, ni problèmes de coeur.

Pour cette émission, Karine Le Marchand a suivi le processus de A à Z. Elle a même posté des selfies en direct des salles d'opération, sur les réseaux sociaux. Une personne ayant assisté aux coulisses de l'émission avait évoqué dans les colonnes de Buzzfeed le côté terriblement voyeuriste de l'émission : "Ce n’est pas comme dans un documentaire, tout est scénarisé à l'avance." Les documents de travail que le site s'était procuré pointaient également du doigt une scène qui devrait en choquer plus d'un, et qui aurait eu lieu pendant le tournage : "Le chirurgien explique ce qu’il fait (opération des seins). On filme les lambeaux de peau sur la table du bloc, Karine [Le Marchand, NDLR] les prend dans la main. C’est impressionnant."

Depuis 3 ans, l'émission subit le feu des critiques, et a même fait l'objet d'une pétition lancée par le collectif Gras Politique, qui lutte contre la grossophobie systémique. "L'obésité est une maladie chronique et multi-factorielle qui ne devrait aucunement être instrumentalisée au profit d’un docu-réalité", rappelle le document, qui précise que les complications suites à des chirurgies bariatriques restes nombreuses : éventration, fistules, infections, mort opératoire, dénutrition, perte des cheveux, des dents, nombreuses opérations de chirurgie corrective... Et il l'affirme haut et fort : "Faire la promotion de ces opérations alors que les médecins eux-mêmes doutent de leur efficacité et leur innocuité est dangereux". Autre crainte : l'émission pourrait renforcer les stéréotypes autour des personnes en surpoids, qui subissent déjà de nombreuses discriminations : "Faire croire qu’il existe une solution systématique à l’obésité est une méconnaissance totale du sujet, et ce faux message aura des retombées directes sur la vie de personnes obèses."

#PasMaRenaissance, un hashtag contre l'émission

A l'heure où nous écrivons ces lignes, la pétition a été signée par plus de 6 000 personnes, et la mobilisation contre Opération Renaissance continue sur les réseaux sociaux, notamment grâce au hashtag #PasMaRenaissance. Ce dernier regorge de ressources pour expliquer les dangers d'une telle émission, sélectionnés par les personnes concernées par le sujet, et qui dénoncent la grossophobie et le validisme qui risquent d'être omniprésents au coeur du programme... Et qui risquent de grimper d'un cran dans la tête de celles et ceux qui estiment d'ores et déjà que les personnes obèses manquent tout simplement de volonté.

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