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Onzième nuit de tension à Ferguson

La police a procédé mardi à plusieurs arrestations et a chargé en direction des manifestants à nouveau rassemblés à Ferguson, dans le Missouri, où la tension reste vive onze jours après la mort d'un jeune Noir tué par un policier blanc. /Photo prise le 19 août 2014/REUTERS/Joshua Lott

FERGUSON Missouri (Reuters) - La police a procédé mardi à plusieurs arrestations et a chargé en direction des manifestants à nouveau rassemblés à Ferguson, dans le Missouri, où la tension reste vive onze jours après la mort d'un jeune Noir tué par un policier blanc. La ville de la banlieue de Saint-Louis, qui compte 21.000 habitants majoritairement noirs, est quotidiennement le théâtre d'affrontements depuis le décès de Michael Brown. Le jeune homme âgé de 18 ans n'était pas armé au moment des faits et les circonstances de sa mort restent floues. Quelques heures après la tombée de la nuit, mardi, les manifestants étaient moins nombreux et plus calmes que les jours précédents. Des militants des droits civiques, des dignitaires religieux et même le ministre de la Justice du Missouri, Chris Koster, sont allés à leur rencontre. Une vingtaine de policiers en tenue anti-émeute ont pris position sur les lieux, près d'une station service incendiée la veille par un cocktail Molotov. Un groupe musical monté sur un camion frappé du mot d'ordre "Ne pillez pas, ne tirez pas" a été prié de quitter les lieux, mais l'atmosphère ne semblait pas à la confrontation. Tandis que les manifestants commençaient à quitter les lieux, une bouteille en plastique a été lancée en direction des agents casqués, qui ont alors chargé. Certains étaient accompagnés de chiens. Ils ont ensuite ordonné la dispersion des quelques dizaines de personnes restées sur place et se sont lancés à la poursuite de ceux qui n'obtempéraient pas. Plusieurs ont été arrêtés, mais leur nombre n'a pas été communiqué. UN HOMME TUÉ PAR LA POLICE À SAINT-LOUIS Un peu plus tôt, à Saint-Louis, un homme de 23 ans qui brandissait un couteau en criant "Tirez sur moi ! Abattez-moi !" après avoir volé des boissons et des en-cas, avait été tué par les forces de l'ordre. Sommé à plusieurs reprises de lâcher son arme, l'homme a refusé d'obtempérer et deux agents ont ouvert le feu, a fait savoir la police. Bien qu'il soit à priori sans rapport avec la mort de Michael Brown, ce décès vient donner de nouveaux arguments a ceux - nombreux - qui dénoncent les violences policières à l'encontre des minorités. De nombreux manifestants, fermement encadrés par la police, se sont rassemblés sur les lieux où il s'est produit et aux alentours. Le parquet de Saint-Louis a fait savoir que l'affaire Michael Brown pourrait être présentée mercredi à un grand jury. Eric Holder, ministre fédéral de la Justice, est attendu le même jour à Ferguson, où il doit faire le point sur l'enquête administrative qu'il a ordonnée. Le gouverneur Jay Nixon a promis un procès exemplaire. Daren Wilson, le policier qui a tiré sur Michael Brown, a été placé en congé administratif. Les manifestants qui se réunissent quotidiennement à Ferguson réclament son arrestation. Selon l'autopsie effectuée à la demande de la famille de la victime, l'adolescent tué le 9 août a été atteint de six balles, dont deux à la tête. Elle montre par ailleurs qu'il se tenait vraisemblablement tête baissée en signe de reddition au moment du coup de feu qui lui a été fatal, selon Daryl Parks, l'avocat de la famille. (Jean-Philippe Lefief pour le service français, édité par Marc Angrand)