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Deux des auteurs de l'attentat d'Istanbul étaient Russes

par Daren Butler et Margarita Antidze ISTANBUL/TBILISSI (Reuters) - Deux Russes ont été identifiés comme les kamikazes soupçonnés de faire partie de l'Etat islamique qui ont tué 44 personnes dans un attentat suicide mardi soir à l'aéroport d'Istanbul et dont le cerveau serait un Tchétchène, rapporte la presse turque vendredi. Le ministère public a identifié deux des assaillants comme étant Rakim Bulgarov et Vadim Osmanov, tous deux de nationalité russe, précise l'agence anatolienne de presse. Jeudi, un responsable gouvernemental avait déclaré que l'attaque la plus meurtrière commise en Turquie depuis le début de l'année avait été commise par un Russe, un Ouzbek et un Kirghize. Selon le journal turc Yeni Safak, proche du pouvoir, le cerveau du triple attentat est Akhmed Tchataïev, un homme d'origine tchétchène inscrit par les Nations unies sur une liste de dirigeants de l'Etat islamique et qui serait chargé par l'organisation djihadiste d'instruire les recrues russophones. Akhmed Tchataïev, qui a subi un double amputation, a été arrêté il y a cinq ans en Bulgarie à la demande de Moscou, mais il a finalement été libéré parce qu'il avait le statut de réfugié politique en Autriche. Blessé et capturé en Géorgie un an plus tard, il a une nouvelle fois été relâché. La police turque a arrêté vendredi onze ressortissants étrangers soupçonnés d'appartenir à une cellule stambouliote du groupe Etat islamique liée aux kamikazes de l'aéroport d'Istanbul, rapporte l'agence Anatolie. Les arrestations ont été effectuées à l'aube par une unité de la police antiterroriste dans le quartier de Basaksehir, sur la rive européenne d'Istanbul, rapporte l'agence de presse. Elles portent à 24 le nombre total d'interpellations depuis l'attentat, qui a fait 44 morts selon le dernier bilan des autorités. Lors d'une autre opération, 17 membres de l'EI ont été interpellés à Gaziantep, dans le sud-est de la Turquie, a annoncé le gouverneur de la ville dans un communiqué. Les autorités turques n'ont pas donné beaucoup de détails sur les kamikazes de mardi. Selon Yeni Safak, un des auteurs du triple attentat est originaire du Daghestan, une république de la Fédération de Russie qui borde la Tchétchénie et où la Russie post-soviétique a mené deux guerres contre les séparatistes et les islamistes depuis 1991. "LIBÉRÉ LÉGALEMENT" Akhmed Tchataïev a perdu son bras après avoir été capturé par les forces russes lors des combats en Tchétchénie en 2000. Il a ensuite dit avoir été torturé, selon un communiqué publié en 2010 par Amnesty international, qui appelait l'Ukraine à l'époque à ne pas l'extrader vers la Russie. Dans un communiqué publié vendredi, Amnesty dit condamner le triple attentat de l'aéroport d'Istanbul et explique qu'elle s'était opposée à l'extradition de Tchataïev à l'époque parce qu'il risquait de se faire torturer, ce qui est contraire aux droits de l'homme. En 2012, les autorités géorgiennes ont dit que Tchataïev avait été blessé dans une opération des forces spéciales contre un groupe non identifié dans la région des Gorges de Lopota, près de la frontière avec le Daghestan. Le groupe aurait été constitué d'insurgés islamistes russes opposés à l'autorité de Moscou dans le Caucase du Nord. Tchataïev, dont le pied a par la suite été amputé en raison de ses blessures, a été arrêté pour possession d'armes. Il a démenti et dit avoir été envoyé dans les gorges en tant que négociateur à la demande des autorités géorgiennes. Il a ensuite été libéré sur décision de la justice géorgienne cette année-là et entièrement blanchi en janvier 2013. "Il a été libéré légalement, que cela ait été ou pas une erreur", a déclaré en 2016 un ancien ministre de l'intérieur géorgien, Vakhtang Gomelauri. En 2011, il a été interpellé par la police bulgare à la frontière avec la Turquie parce que la Russie le recherchait pour "participation à un groupe armé et pour le recrutement de personnes en vue de terrorisme et de financement du terrorisme", a déclaré vendredi un magistrat bulgare à la radio nationale de Bulgarie. La justice bulgare a toutefois refusé de l'extrader, expliquant que le statut de réfugié, qui lui avait été accordé par l'Autriche en 203, restait valide pour tous les pays signataires de la convention de Genève, parmi lesquels se trouve la Bulgarie. Par ailleurs, les forces de l'ordre turques ont interpellé mercredi quatre Turcs au point de passage d'Oncupinar à la frontière syrienne. Ces quatre personnes sont soupçonnées d'appartenir à un groupe terroriste, selon un communiqué du bureau du gouverneur du lieu. Les quatre, en provenance d'une zone de guerre en Syrie, tentaient de rentrer en Turquie, précise le communiqué. (Jean-Stéphane Brosse et Danielle Rouquié pour le service français)