Des ONG demandent des mesures pour mettre fin aux déportations forcées vers la Syrie

Des organisations de défense des droits de l'Homme appellent l'Union européenne à agir pour lutter contre la violence croissante à l'encontre des réfugiés syriens à Chypre et au Liban. Des ONG et des juristes parlent même de déportation forcée.

"C'est ce triangle entre le Liban, la Syrie et Chypre qui a catalysé la catastrophe des réfugiés syriens. (...) Nous savons pertinemment que beaucoup de ceux qui ont été renvoyés de manière ciblée ont été détenus à leur arrivée, ou enrôlés dans le service militaire forcé du gouvernement et, d'une certaine manière, beaucoup ont aussi, comme je l'ai dit, fini par servir dans l'armée russe", explique Sawsan Abou Zainedine, directrice de l'association Madaniya.

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L'instabilité au Liban, qui accueille 1,5 millions de réfugiés syriens, a poussé les demandeurs d'asile à tenter de traverser la Méditerranée pour rejoindre Chypre. En réponse, Nicosie a décidé en avril de suspendre le traitement des demandes.

Le ministère chypriote des Migrations et de la protection internationale a également publié une déclaration dans laquelle il nie avoir procédé à des "refoulements", c'est-à-dire avoir renvoyé des demandeurs d'asile syriens au Liban. Le gouvernement a ajouté que Chypre est un "petit pays de la ligne de front" qui "a reçu des flux massifs de migrants ces dernières années".

Lettre de huit pays pour revoir la politique syrienne

L'appel lancé par les associations lors d'une conférence de presse jeudi intervient à la veille d'une réunion du groupe de travail du Conseil européen sur une lettre envoyée par huit États membres, dont Chypre, appelant l'UE à réévaluer sa politique à l'égard de la Syrie en reprenant le dialogue avec le régime syrien.

"Notre objectif est une politique syrienne plus active, axée sur les résultats et opérationnelle (...) cela nous permettrait d'accroître notre influence politique et l'efficacité de notre aide humanitaire", ont écrit les ministres des Affaires étrangères de l'Autriche, de la Croatie, de Chypre, de la République tchèque, de la Grèce, de l'Italie, de la Slovaquie et de la Slovénie dans le courrier envoyé au chef de la diplomatie de l'UE, Josep Borrell.

Zahra Albarazi, avocate spécialisée dans les droits de l'Homme, rappelle que le pays est toujours largement sous le contrôle de Bachar Al-Assad, 13 ans après le soulèvement contre son régime.

"Il ne devrait pas y avoir de discussion sur le retour des Syriens", insiste-t-elle. "Si nous voulons que les Syriens veuillent rentrer chez eux, alors il faut éviter que des criminels de guerre soient encore au pouvoir et contrôlent totalement l'économie du pays".

Un rapport publié en février par les Nations Unies souligne que la Syrie n'offre pas conditions sûres aux réfugiés qui rentrent chez eux, car ils "sont soumis à des violations flagrantes des droits de l'Homme et à des abus".