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Omar Sy dans "Tirailleurs" rappelle qu'on "n'a pas la même mémoire, mais on a la même histoire"

FESTIVAL DE CANNES - 200.000 tirailleurs dits “sénégalais” (en fait venus de toute l’Afrique) ont combattu aux côtés des poilus pendant la Grande Guerre. 30.000 sont morts sur les champs de bataille français. Dans Tirailleurs, le réalisateur Mathieu Vadepied raconte le destin tragique de deux d’entre eux: un père, Bakary Diallo incarné par Omar Sy, et son fils Thierno, joué par le jeune Alassane Diong. Le film, qui n’a pas encore de date de sortie en salles, était présenté pour la première fois au public ce mercredi 18 mai au Festival de Cannes.

Le film Indigènes de Rachid Bouchareb, présenté en compétition officielle à Cannes en 2006, sur des tirailleurs algériens pendant la Seconde Guerre mondiale avait marqué tous les esprits. Il aura fallu attendre 15 ans de plus pour que l’histoire de tirailleurs dits sénégalais pendant la Première Guerre mondiale soit à son tour racontée, de leur point de vue, au cinéma.

En 1917, Bakary Diallo s’enrôle dans l’armée française pour rejoindre Thierno, son fils de 17 ans, qui a été recruté de force. Envoyés au front, père et fils vont devoir affronter la guerre ensemble dans les tranchées d’un pays où ils n’ont jamais mis les pieds. Galvanisé par la fougue de son officier qui veut le conduire au cœur d’une bataille sur une colline de Verdun, Thierno s’affranchit et apprend à devenir un homme, tandis que Bakary va tout faire pour l’extraire des combats et le ramener sain et sauf dans le village peul duquel ils ont été arrachés.

Omar Sy incarne Babakary Diallo, tirailleur sénégalais enrôlé de force dans l'armée française pendant la Première Guerre mondiale (Photo: Marie-Clémence David © 2022 - UNITÉ - KOROKORO - GAUMONT - FRANCE 3 CINÉMA - MILLE SOLEILS - SYPOSSIBLE AFRICA)
Omar Sy incarne Babakary Diallo, tirailleur sénégalais enrôlé de force dans l'armée française pendant la Première Guerre mondiale (Photo: Marie-Clémence David © 2022 - UNITÉ - KOROKORO - GAUMONT - FRANCE 3 CINÉMA - MILLE SOLEILS - SYPOSSIBLE AFRICA)

Omar Sy incarne Babakary Diallo, tirailleur sénégalais enrôlé de force dans l'armée française pendant la Première Guerre mondiale (Photo: Marie-Clémence David © 2022 - UNITÉ - KOROKORO - GAUMONT - FRANCE 3 CINÉMA - MILLE SOLEILS - SYPOSSIBLE AFRICA)

Mathieu Vadepied et Omar Sy se sont rencontrés il y a plus dix ans sur le tournage d’Intouchables. L’un était chef opérateur, l’autre jouait le mythique Driss. “Au début c’était juste une idée, puis c’est devenu dix lignes, un synopsis” et enfin un film, raconte dans un entretien à Télérama l’acteur qui est aussi producteur du long-métrage.

L’an passé, sur la scène du Festival d’Avignon cette fois, le comédien de 44 ans prêtait déjà sa voix à Alfa Ndiaye, paysan africain engagé comme tirailleur sénégalais pendant la Première Guerre mondiale pour une lecture d’un texte issu du roman Frère d’âme de David Diop. En 2016, Omar Sy avait signé la pétition de la socialiste Aïssata Seck, qui réclamait la naturalisation des tirailleurs sénégalais. Un combat qui avait finalement abouti à la toute fin du mandat de François Hollande.

A quelques minutes de présenter enfin au Festival de Cannes ce film dans lequel il joue pour la première fois en peul, sa langue maternelle, Omar Sy confiait son émotion immense. “A vous tous présents, sachez que vous allez être dans l’un de mes souvenirs les plus forts. Je vais garder ce moment là très longtemps dans ma mémoire, a-t-il lancé. Ce film veut dire plein de choses pour moi, mais il illustre surtout une chose dont on doit se rappeler: on n’a pas la même mémoire, mais on a la même histoire.”

De quoi rendre hommage au dernier tirailleur de la Première Guerre mondiale mort en 1998 dans un petit village du Sénégal, dont l’histoire a inspiré le point de départ du film à Mathieu Vadepied. Mais aussi aux 200.000 autres montés au front et pour qui “rares sont les livres, et encore moins les films, qui retracent leur histoire”. Et même encore à “tous les soldats qui se sont battus à ce moment-là pour la France” car comme le résume Omar Sy, “ce sont toutes nos mémoires additionnées” qui font “la grande Histoire”.

A voir également sur Le HuffPost: Sur le tapis rouge de Cannes, Omar Sy était survolté

Cet article a été initialement publié sur Le HuffPost et a été actualisé.

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