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Omar Raddad: cette autre enquête qui relance l'espoir d'un procès en révision

L'ancien jardinier Omar Raddad s'adresse aux journalistes, au côté de son avocate Sylvie Noachovitch, le 25 novembre 2021 à Paris

 - Alain JOCARD © 2019 AFP
L'ancien jardinier Omar Raddad s'adresse aux journalistes, au côté de son avocate Sylvie Noachovitch, le 25 novembre 2021 à Paris - Alain JOCARD © 2019 AFP

"C'est le scandale dans le scandale". Me Sophie Noachovitch prévient, elle va "tout donner pour cette plaidoirie". L'avocate a rendez-vous ce jeudi après-midi devant la chambre de l'instruction de la Cour de révision pour apporter des "éléments nouveaux", dit-elle, au dossier Omar Raddad. Ce dernier tente d'obtenir la révision de sa condamnation pour le meurtre de sa riche patronne Ghislaine Marchal en 1991 à Mougins, dans les Alpes-Maritimes.

Cinq mois après la réouverture du dossier par la justice, l'avocate va demander à ce qu'une enquête approfondie soit menée sur la base des éléments recueillis dans le cadre d'investigations restées cachées jusqu'alors. Me Noachovitch a appris par voie de presse l'existence d'une enquête dont les éléments recueillis n'ont jamais été utilisés dans ce dossier, dans lequel Omar Raddad a toujours clamé son innocence.

Enquête cachée

L'existence de cette enquête a été révélée en mars dernier dans un livre "Ministère de l'Injustice", des journalistes Jean-Michel Décugis, Pauline Guéna et Marc Leplongeon. Entre 2002 et 2004, les investigations menées sur le meurtre de Ghislaine Marchal par des gendarmes, en lien avec le procureur de Grasse, mettent en évidence, selon les auteurs, la piste d'un cambriolage qui aurait mal tourné. Sur la base d'un informateur jugé crédible par les enquêteurs, le nom de deux suspects apparaît.

Il s'agit de deux frères, liés au grand banditisme, que la riche héritière aurait rencontré dans des établissements de nuit qu'elle fréquentait. Lors de ces soirées, la veuve aurait largement fait état de sa fortune. Pourtant, ce témoignage recueilli huit ans après la condamnation d'Omar Raddad n'a jamais été utilisé.

"On nous dit qu'il y a eu un non-lieu, c'est faux", tranche Me Sylvie Noachovitch. "On ne sait pas ce qu'est devenue cette enquête." 876450610001_6286975600001

Après la publication de ce livre, un gendarme qui a travaillé sur cette enquête, colonel à la retraite, a contacté l'avocate. Cette dernière a pu identifier deux autres hauts-gradés qui avaient enquêté à l'époque. Selon nos informations, ils souhaitent aujourd'hui être auditionnés par la justice. Une requête que le conseil d'Omar Raddad va porter ce jeudi devant la chambre de l'instruction de la Cour de révision.

Un nouvel expert réclamé

L'avocate va également demander la désignation d'un expert compétent en portrait-robot génétique pour analyser les quatre ADN masculins découverts sur des pièces à conviction et dont aucun ne correspond à celui d'Omar Raddad. Un ADN apparait à 35 reprises sur la porte où a été écrit en lettres de sang le fameux "OMAR M'A TUER", notamment mélangé au sang de la victime. Il a également été retrouvé entre les doigts de Ghislaine Marchal, comme si quelqu'un lui avait pris la main pour la tenir.

La décision de la chambre de l'instruction de la Cour de révision devrait être mise en délibéré. La juridiction peut décider d'accéder à une ou plusieurs demandes de l'avocate d'Omar Raddad, en ordonnant des demandes d'informations. Elle pourrait aussi rejeter l'ensemble des demandes ou encore transmettre le dossier à la Cour de révision.

Article original publié sur BFMTV.com