OM-OL: bus caillassé, Grosso blessé, attente... récit détaillé des incidents qui ont mené au report de l'Olympico
Des pavés, des bouteilles et des fumigènes lancés à bout portant par un groupe d’une centaine de personnes cagoulées. Aux alentours de 19h, une pluie de projectiles s’abat sur le bus de l’OL, ce dimanche, lors de son passage dans une rue de Marseille, malgré l’escorte de deux camions de CRS. L’incident a lieu à deux heures du choc face à l’OM, prévu au Vélodrome, en clôture de la dixième journée de Ligue 1. Un match classé à hauts risques par les autorités.
Endommagé dans l’embuscade, le véhicule arrive au stade avec une vitre brisée. A l’intérieur, les Lyonnais sont sous le choc. Fabio Grosso et Raffaele Longo ont été sérieusement touchés lors du caillassage. Le coach italien, qui a reçu une bouteille en verre juste au-dessus de la paupière, sort du bus avec le visage ensanglanté. Son adjoint a des débris dans l’œil.
Douze points de suture pour Grosso
Vers 19h15, les premières images du bus et de Grosso commencent à circuler. L’incident fait rapidement la Une des sites d’informations. Une réunion a lieu dans le vestiaire de l’OL en présence des joueurs. Pendant ce temps, leur entraîneur, qui présente une profonde entaille, se fait poser douze points de suture, avant d’apparaître dans les couloirs du Vélodrome avec un épais bandage blanc.
On apprend alors que trois bus de supporters de l’OL ont aussi été victimes d’agressions durant leur trajet dans Marseille. Celui des Lyon 1950, qui ouvrait le cortège, a subi d’importants dégâts, avec des vitres explosées. Plusieurs personnes à l’intérieur ont été blessées.
Des incidents dans le parcage des supporters lyonnais
Vers 20h, la tenue du match semble incertaine. Des incidents éclatent dans le stade. Des supporters lyonnais présents dans le parcage visiteurs tentent de s’approcher du Virage Nord en défiant les ultras de l’OM. Certains, pendus aux filets de sécurité, font des saluts nazis et lancent des cris de singe. La sécurité intervient pour tenter de rétablir le calme.
Sur la pelouse, les assistants des deux équipes placent des plots et des ballons pour préparer l’échauffement. Mais les joueurs ne sortent pas. A minima, le coup d’envoi du match, prévu à 20h45, sera retardé. Dans le même temps, les vidéos des caillassages des bus lyonnais apparaissent sur les réseaux. Elles témoignent de la violence des attaques, qui ont eu lieu au même endroit.
Une réunion de crise pour acter le report
Pendant que les supporters de l’OM se chauffent la voix en lançant des chants bruyants en tribunes, une délégation du club phocéen, emmenée par le président Pablo Longoria, son conseiller Jean-Pierre Papin et l’entraîneur Gennaro Gattuso, vient à la rencontre des Lyonnais.
Une réunion de crise est organisée avec les arbitres, les autorités et des représentants des deux clubs. Elle débouche sur le report de la rencontre. Vers 20h40, le speaker le fait savoir au public en annonçant l’évacuation du stade. Les supporters marseillais quittent tant bien que mal le Vélodrome, agacés par l’issue de cette soirée. L’arbitre François Letexier vient s’exprimer devant les médias. "L'OL ne souhaitait pas que la rencontre ait lieu", assure-t-il.
Oudéa-Castera valide le report sur RMC
Dans la foulée, John Textor réagit sur Prime Vidéo. Le propriétaire de l’OL assure dans un premier temps que son équipe voulait disputer la rencontre et donne des nouvelles peu rassurantes de Fabio Grosso. Amélie Oudéa-Castera, la ministre des Sports, valide la décision du report sur RMC. "On a besoin de marquer le coup", lâche-t-elle, en réclamant de sévères sanctions contre les auteurs de ces agressions. Bruno Bernard, le président de la Métropole du grand Lyon dénonce sur les réseaux "une attaque de hooligans marseillais" et demandent qu’ils soient "bannis du football".
Quiproquo entre Textor, la LFP et l’arbitre
Vers 21h, la Ligue de football professionnel contredit la première version de Textor en publiant un communiqué expliquant que l’OL a demandé à ne pas jouer la rencontre. Pablo Longoria réagit ensuite sur Prime Vidéo. "Consterné et en colère", le président de l’OM s’en prend aux "inconscients" qui "ont gâché la fête" "C’est complétement inadmissible", s’insurge-t-il.
Vers 21h15, la Préfecture de police des Bouches-du-Rhône annonce que sept personnes ont été interpellées en marge des incidents, dont deux pour caillassage. François Letexier s’exprime à nouveau sur Prime Vidéo et maintient que les Lyonnais n’ont pas voulu disputer le match, en précisant que Textor n’était pas présent lors de la réunion de crise (il y avait la cheffe de la sécurité de l'OL).
L’OM et l’OL vont porter plainte
Les Lyonnais restent confinés au Vélodrome, en attendant que la tension retombe un peu. Dejan Lovren pousse un coup de gueule sur les réseaux et en appelle au gouvernement français. "Si la loi ne change pas, un jour il sera trop tard", écrit le défenseur croate. Vers 21h30, John Textor prend à nouveau la parole sur RMC, en expliquant finalement que les joueurs de l’OL ont d’abord voulu disputer le match, avant de souhaiter un report en apprenant que leur entraîneur ne serait pas en état d’être sur le banc.
Vers 21h45, l’OM publie un communiqué pour déplorer "des incidents inadmissibles". Le club phocéen, qui va porter plainte contre X, souhaite un "prompt rétablissement à Grosso", et explique attendre désormais une date pour le report. Vers 22h, l’OL dégaine à son tour un communiqué en annonçant qu’une plainte va être déposée après ces graves incidents.
Les Lyonnais attendent ensuite que leur bus soit remis en état de marche. La fenêtre brisée est recouverte avec du carton scotché sur toute la hauteur de la vitre. L’intérieur du bus est nettoyé et aspiré.
Les Lyonnais viennent saluer leurs supporters
Vers 22h30, les joueurs de l’OL, le staff et Fabio Grosso viennent sur la pelouse du Vélodrome pour saluer leurs supporters restés dans le parcage visiteurs. Le coach italien entend son nom scandé. Il répond avec une main sur le cœur et des applaudissements.
Un petit quart d’heure plus tard, les Lyonnais quittent finalement le stade dans un bus de substitution, le leur n’étant pas assez sécurisé malgré le rafistolage de la vitre abîmée. Direction l’aéroport, où un avion les attends pour les ramener à Lyon. La fin d’une soirée particulièrement mouvementée et chaotique dans les Bouches-du-Rhône.