Olaf Scholz minoritaire, budget en suspens… Tout ce qu’il faut savoir de la crise en Allemagne

Le chancelier allemand Olaf Scholz, ici s’exprimant lors d’une conférence de presse à la Chancellerie à Berlin, le 6 novembre 2024.
ODD ANDERSEN / AFP Le chancelier allemand Olaf Scholz, ici s’exprimant lors d’une conférence de presse à la Chancellerie à Berlin, le 6 novembre 2024.

ALLEMAGNE - La confusion règne au sommet de l’État en Allemagne ces dernières heures. Le chancelier Olaf Scholz doit affronter une pression croissante ce jeudi 7 novembre pour quitter le pouvoir sans délai après l’éclatement la veille de sa fragile coalition gouvernementale.

Allemagne : Olaf Scholz limoge le ministre des Finances Christian Lindner, la coalition implose

Cette fin programmée du gouvernement tombe au plus mauvais moment pour l’Allemagne, aux prises avec une grave crise industrielle, et pour l’Europe qui s’inquiète des répercussions pour son commerce et sa sécurité de l’élection de Donald Trump aux États-Unis.

Entre paralysie, incertitude sur le budget de l’année prochaine et attente d’élections législatives anticipées, Le HuffPost fait le point sur la grave crise politique qui ébranle la première économie européenne.

• Comment est née la crise ?

Olaf Scholz ne compte plus que les écologistes comme partenaires du fait de la démission de trois des quatre ministres libéraux mercredi soir en raison d’un désaccord profond sur la politique budgétaire et économique. De ce fait, il perd sa majorité au Parlement.

PUBLICITÉ

Mercredi soir, il a expliqué vouloir quand même tenter de faire passer quelques textes de consensus au Parlement d’ici 2025. « Nous soumettrons au vote tous les projets de loi qui ne peuvent pas être reportés », a-t-il déclaré. Mais il lui faut pour cela trouver des appuis au cas par cas au Bundestag, la chambre des députés allemande.

• Une majorité impossible à obtenir

Sans les libéraux du FDP, il manque 91 députés au gouvernement Scholz. Avec les 207 parlementaires sociaux-démocrates et les 117 des écologistes, il ne dispose que de 324 voix. Or pour faire passer des textes législatifs, il en a besoin de 367. Une coalition rouge-verte ne pourra pas faire adopter seule des lois.

Et si les conservateurs refusent tout soutien, les autres options apparaissent peu réalistes. Le parti d’extrême droite AfD a aussi exclu par principe de soutenir un gouvernement rouge-vert. La gauche radicale, Die Linke, et les quelques membres du parti populiste de gauche BSW ont trop peu de représentants.

• Le budget 2025 en question

Cette crise fait planer une grande incertitude autour du projet de budget fédéral 2025, dont la préparation est à l’origine de la rupture entre les libéraux et la gauche au sein de la coalition gouvernementale. S’il ne peut être adopté faute de majorité au Parlement, une gestion provisoire s’appliquerait à partir de janvier.

PUBLICITÉ

Dans un premier temps, les seules dépenses nécessaires au fonctionnement des administrations et imposées par la loi seraient maintenues. Dans la pratique, le ministère des Finances pourrait toutefois autoriser les ministères à utiliser chaque mois un pourcentage des crédits du projet de budget qui n’a pas encore été adopté.

• Une dissolution, mais quand ?

Dans le régime parlementaire allemand, érigé après le traumatisme du totalitarisme national-socialiste, le Bundestag joue un rôle central en élisant le chancelier, traditionnellement issu du parti arrivé en tête des législatives.

Olaf Scholz a dit vouloir se soumettre à un vote de confiance des députés le 15 janvier. S’il le perd, option quasi inéluctable désormais, le président Frank-Walter Steinmeier aura 21 jours pour dissoudre le Bundestag, de nouvelles élections devant avoir lieu au plus tard 60 jours après. Cela pourrait alors être le cas « au plus tard fin mars », a indiqué Olaf Scholz, soit six mois avant la date initialement prévue. Le chancelier tiendra-t-il jusqu’à cette date ? Rien n’est moins sûr.

• L’heure de Friedrich Merz ?

Rival conservateur d’Olaf Scholz, le chef de l’opposition allemande Friedrich Merz est désormais favori pour conquérir la chancellerie, promettant un virage à droite sur l’immigration et un retour aux valeurs traditionnelles.

PUBLICITÉ

À bientôt 69 ans, cet éternel espoir des conservateurs longtemps mis à l’écart par Angela Merkel a déjà lancé sa campagne électorale en vue de législatives anticipées qui semblent désormais inévitables. Et il espère qu’elles auront lieu de plus vite possible.

Ce jeudi, il a exhorté Olaf Scholz à poser la question de confiance au Parlement dès la semaine prochaine. « Nous ne pouvons tout simplement pas nous permettre d’avoir un gouvernement sans majorité pendant plusieurs mois », a plaidé le chef de l’Union chrétienne-démocrate (CDU).

• Le président allemand appelle à « la responsabilité »

De son côté, le président allemand a exhorté ce jeudi les responsables politiques du pays à « la raison » et à « la responsabilité » après l’éclatement de la coalition gouvernementale. « Notre pays a besoin de majorités stables et d’un gouvernement efficace », a ajouté lors d’une allocution Frank-Walter Steinmeier.

Il aura la responsabilité de dissoudre le Bundestag si le gouvernement perd la question de confiance qu’il entend soumettre aux députés. « Je suis prêt à prendre cette décision » lorsqu’elle lui sera soumise selon les règles prévues par la constitution nationale, a indiqué le président allemand.

PUBLICITÉ

À voir également sur Le HuffPost :

Le changement de genre plus facile en Allemagne où une simple déclaration à l’état civil suffit désormais

Kamala Harris s’exprime après la victoire de Donald Trump : « Je n’abandonnerai jamais »