OL: dernière place, Grosso impuissant, discours lunaires de Textor… Autopsie d’une saison cauchemar
Les semaines passent et le moral des supporters lyonnais se dégrade de jour en jour. Ce lundi, il n’a sans doute jamais été aussi bas, au lendemain de la nouvelle défaite des Gones face à Clermont (2-1), pourtant lanterne rouge avant la 9e journée de Ligue 1. Plus opportunistes, les hommes de Pascal Gastien ont laissé le bonnet d’âne à ceux de Fabio Grosso, qui n’ont toujours pas gagné cette saison. Le mal est présent à tous les étages dans l’immeuble lyonnais, qui continue de prendre feu jour après jour.
• Des statistiques inquiétantes
Seule équipe de Ligue 1 à ne pas avoir encore gagné cette saison, Lyon affiche des statistiques terrifiantes. Avec six défaites pour trois matchs nuls (0-0 contre Nice et Le Havre, 3-3 face à Lorient), les Gones vivent le pire début de saison de leur histoire dans l’élite et la fin pourrait se transformer en cauchemar avec une possible descente en Ligue 2, que le club n’a plus connue depuis… 1989, quand le championnat s’appelait encore la D2. Statistique qui ne va pas arranger la gueule de bois des fans lyonnais: selon Opta, 14 des 17 équipes qui n'ont compté que trois points ou moins après leurs neuf premiers matches d'une saison de Ligue 1 ont été reléguées en fin d'exercice.
Mais la Ligue 1 à 18 clubs obscurcit un peu plus l’horizon des Gones, d’autant que le premier quart du championnat est déjà dans le rétroviseur. Pire attaque (7 buts, à égalité avec Clermont) et 17e défense de l’élite (18 buts encaissés) - seul Lorient fait pire (19) - l’OL n'a mené que 32 minutes cette saison et est même moqué par ses supporters, qui ont entonné "On est en Ligue 2" au coup de sifflet final dimanche soir. Comme un aveu de faiblesse.
• Des cadres qui ne répondent plus
Trois ans en arrière, ces supporters étaient en fête lorsque le club atteignait les demi-finales de Ligue des champions en battant la Juventus et Manchester City. Anthony Lopes était de l’aventure d’un Final 8 inoubliable. Souvent sauveur des Gones ces dernières saisons, le gardien portugais est méconnaissable. Ce dimanche, son placement avancé sur les deux frappes lointaines clermontoises interroge et son influence est en berne pour celui qui a disputé 462 matchs toutes compétitions confondues avec son club formateur.
"On est dans une situation très compliquée, ça fait des années que le club n'a pas connu ça. Dans l'effectif, je ne sais pas si beaucoup de joueurs ont connu cette situation. Mais il n'y a qu'avec des joueurs de caractère qu'on arrivera à s'en sortir”, a reconnu le portier rhodanien en zone mixte ce dimanche soir.
Du caractère, certains cadres en manquent cruellement, à l’image de Dejan Lovren, Corentin Tolisso et Alexandre Lacazette. Revenus la saison dernière pour redorer le blason lyonnais, les trois “anciens” ne sont que l’ombre d’eux-mêmes et ne sont pas les capitaines de navires attendus pour redresser la barre.
• Le mystère Cherki
Autre symbole de l’échec lyonnais: Rayan Cherki. Étincelant avec les espoirs sous les ordres de Thierry Henry, le milieu donne l’impression de traîner un boulet avec son club. Le joueur de 20 ans, lancé chez les pros par Rudi Garcia en octobre 2019, a longtemps été présenté comme le futur grand joueur de l’OL. Mais que ce soit sous les ordres de Peter Bosz, Laurent Blanc et Fabio Grosso, le numéro 18 lyonnais n’arrive pas à confirmer les attentes. Régulièrement piqué par ses entraîneurs, il n’affiche pas la même attitude en club et en sélection.
Le match de dimanche face à Clermont en est le parfait exemple. Titularisé pour la deuxième fois sous le mandat de Fabio Grosso, le milieu n’a rien montré en numéro 10, un poste pourtant taillé pour lui, multipliant les déchets techniques. Renvoyé sur le banc dès la mi-temps, Cherki a reçu une nouvelle pique de son entraîneur. “Lui, c’est un jeune joueur, je le répète à chaque fois. Il a un talent fou, mais il peut faire encore plus. Je sais qu’il le sait, mais il a des qualités énormes. Mais il faut partir sur les problèmes de la première période, il a des qualités à améliorer, c’est un talent à améliorer. C’est Lyon avant les joueurs”, a rappelé l’entraîneur italien.
• Un costume trop grand pour Grosso?
Arrivé en pompier de service après le départ de Laurent Blanc, Fabio Grosso a tout de suite mis les points sur les “i". “Il faut tout mettre sur le terrain, tout donner pour ce club-là. Il ne suffit pas de le dire. Il faut revenir ensemble où ce club mérite d'être, et ce n'est pas le classement actuel”, expliquait l’ancien joueur (2007-2009) lors de sa présentation, le 18 septembre dernier. Un mois plus tard, force est de constater que l’ancien coach de Frosinone n’a quasiment rien apporté.
Les systèmes tactiques changent (3-5-2, 4-3-3 ou 4-2-3-1 dimanche), les hommes aussi (Maitland-Niles ou Akouokou ont débuté face à Clermont), mais les solutions sont inexistantes, puisque le champion du monde 2006 affiche un bilan de trois défaites pour un nul. “On ne peut pas lâcher. Je vais tout faire pour trouver les moyens pour sortir l'équipe de cette situation”, avouait-il dimanche soir. “Je sens qu'on a les qualités pour s'en sortir. J'essaie de donner leur chance à des joueurs qui montrent des choses à l'entraînement. C'est difficile quand les joueurs qui reçoivent une chance ne donnent pas tout sur le terrain. On doit faire plus car nous avons eu des occasions. Il faut avoir un état d'esprit différent de celui que nous avons eu jusqu'à maintenant. Mes choix vont dans la direction de sauver Lyon." Place désormais aux actes après les paroles.
• Textor sur une autre planète
"Tout le monde dans ce club pense que le fait de ne pas être en Europe serait un échec." Cette phrase de John Textor, prononcée lors de la présentation de Fabio Grosso en septembre, vieillit mal. Depuis son arrivée en décembre 2022 en tant qu’actionnaire majoritaire, puis en tant que président depuis le départ de Jean-Michel Aulas en mai 2023, l’homme d’affaires américain affiche un étonnant optimisme malgré une situation qui s’aggrave de semaine en semaine. D’abord convaincu que Lyon jouerait le podium et la Ligue des champions, ce dernier est maintenant certain que le mot relégation ne fait pas partie du vocabulaire lyonnais.
"La Ligue 2? (rires). Je sais que vous devez poser la question. Cette équipe ne court pas le risque d'une relégation, a répondu le dirigeant américain après la déroute contre Clermont. Des équipes qui pourraient être reléguées dans n'importe quel pays ou championnat ne jouent pas comme on a joué ce soir. Vous ne verrez pas cette qualité chez des gens qui descendent. On ne regarde pas en bas, on regarde au-dessus. Il y a un risque de donner du crédit à votre question en réalisant une saison médiocre. Mais quiconque voudrait parler de relégation répand juste de la peur, des histoires... c'est un peu une blague, je ne prends pas ça au sérieux. Je comprends votre question mais c'est du non-sens. L'équipe est trop bonne. Les équipes qui descendent ne jouent pas comme ça. Personne n'est inquiet dans le vestiaire, ni dans le staff."
• Un calendrier dantesque
L’inquiétude est pourtant légitime pour l’OL, d’autant que les semaines à venir s’annoncent encore plus compliquées qu’elles ne le sont déjà, avec un calendrier loin d’être avantageux. Ça commence dès ce dimanche avec un déplacement bouillant au Vélodrome pour affronter l’OM (20h45). Hors de leurs bases, les Gones auront fort à faire, en se rendant à Rennes (12 novembre), à Lens (3 décembre) et à Monaco (17 décembre) avant la trêve hivernale. Les réceptions de Metz, Lille, Toulouse et Nantes devraient - ou pourraient - permettre à un club en détresse de se relancer. À condition que la mayonnaise prenne enfin, et surtout que les ingrédients soient les bons pour sauver un navire en perdition.