«Okja», dollars et du cochon
Inventée par Bong Joon-ho, la super-truie génétiquement modifiée se révèle l’allégorie subversive à la fois d’un monde obnubilé par le profit et du film lui-même, magistral et produit par Netflix.
Dans le roman Infinite Jest de David Foster Wallace, il est question d’un film portant le même titre, et qui a la particularité d’être si divertissant («entertaining») qu’il captive son spectateur au point de ne lui laisser aucune porte de sortie, aucun dehors, et de l’enfermer dans un pur plaisir entraînant la mort. Œuvre fatale (et perdue, introuvable) où culmine le point de rencontre maximal entre capitalisme et cinéma, liés dès l’invention du second par un évident et profond rapport. Cette connivence semble repensée à chaque étape aussi bien par les financiers que par les cinéastes. Une polémique entoure ces temps-ci la production et la distribution d’un film - parce qu’attendu, honoré d’une sélection à Cannes, puis acclamé - par l’entreprise Netflix, qui exclut a priori de son circuit la salle de cinéma au profit de sa très compétitive plateforme de vidéo accessible sur abonnement (SVoD). Cette polémique ne pouvait pas rencontrer de meilleur objet qu’Okja, du Coréen Bong Joon-ho. Car le film est lui-même, d’avance et de façon délibérée, cette dispute : il se l’intègre et joue avec, la rejoue à chaque plan, la déchaîne et la désamorce à chaque scène.
Militants antispécistes
D’une part, Okja est infiniment divertissant : c’est sans doute la condition de la liberté que ses financiers, selon les récits brandis lors de sa présentation, auraient accordée à son auteur, avec les dizaines de millions de dollars alloués au projet. Quelque chose du mythe hollywoodien primitif - où l’entrepreneur et le créateur s’alliaient pour faire naître une industrie qui allait être aussi un art - se rejoue ici, à la conquête d’autres supports sur le marché de l’attention. Okja est captivant, par sa forme et par son contenu emportés par son rythme : il captivera sur un écran de cinéma, sur une (...) Lire la suite sur Liberation.fr
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