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Officiellement candidate, Clinton propose "une vision lucide"

par John Whitesides et Luciana Lopez PHILADELPHIE, Pennsylvanie (Reuters) - Officiellement candidate du camp démocrate, Hillary Clinton a proposé jeudi aux Américains une vision "lucide" des défis auxquels les Etats-Unis sont confrontés chez eux et ailleurs tout en attaquant son adversaire Donald Trump qu'elle accusé de semer la peur et la discorde. Vêtue d'un tailleur pantalon blanc, visiblement émue, Hillary Clinton a longuement profité de la "standing ovation" que lui ont réservé les délégués présents au dernier jour de la convention de Philadelphie lorsqu'elle a accepté sa nomination en vue de la présidentielle du 8 novembre, avant d'entamer un discours qui a balayé un grand nombre de sujets. "Nous sommes lucides devant ce à quoi notre pays est confronté. Mais nous n'avons pas peur", a déclaré l'ancienne secrétaire d'Etat, qui a brossé un tableau beaucoup plus optimiste des Etats-Unis que celui qu'avait exposé la semaine dernière son rival républicain. Elle s'est même autorisé une allusion à un spot de campagne célèbre de Ronald Reagan en 1984, "Morning in America", dépeignant une Amérique optimiste et laborieuse, qu'elle a transformée en "Midnight in America" de Donald Trump. "Il a sacrément transformé le Parti républicain, de 'Morning in America' à 'Midnight in America'. Il veut nous séparer, du reste du monde et les uns des autres", a lancé Hillary Clinton à propos de l'homme d'affaires. Son discours était moins électrisant que ceux prononcés lors des précédents jours de la convention par Barack et Michelle Obama ou le vice-président Joe Biden. Mais Hillary Clinton s'est montrée autoritaire et sûre d'elle. Elle s'est fixé pour "mission prioritaire" de créer davantage d'opportunités et de bons emplois avec des salaires en hausse, et d'affronter des ennemis déterminés et des "menaces et turbulences" aux Etats-Unis comme à travers le monde. La candidate démocrate a fait honneur à sa réputation de bûcheuse, détaillant une liste de propositions sur la suppression des frais universitaires, les infrastructures, la réforme de l'immigration, le contrôle des armes, les congés parentaux etc. ACCENTS RÉPUBLICAINS Hillary Clinton a également reconnu que sa personnalité n'était pas bien connue de tous les Américains. "J'ai cru comprendre que certains ne me connaissent pas bien. Alors, je vais vous dire, la famille d'où je viens n'avait pas son nom sur de grands immeubles", a dit la candidate, faisant implicitement référence à la fortune immobilière dont a hérité son adversaire. Par moments, la soirée ressemblait davantage à une convention républicaine que démocrate, à entendre les remarques du général à la retraite John Allen, les cris de "USA!" scandés dans le hall, les fréquentes allusions à la religion et au patriotisme faites par les orateurs, parmi lesquels des militaires et policiers. "Je sais qu'avec elle comme commandant en chef, notre politique étrangère ne se réduira pas à une relation d'affaires. Je sais aussi que nos forces armées ne deviendront pas un instrument de torture", a déclaré John Allen. Hillary Clinton a elle-même fait un appel du pied aux électeurs indépendants ou républicains, rendant hommage au passé militaire du sénateur et ancien candidat républicain John McCain, ou saluant le service militaire effectué par le fils de Mike Pence, le colistier de Donald Trump. "Je serai la présidente des démocrates, des républicains et des indépendants", a-t-elle dit. Hillary Clinton s'est également adressée aux partisans de Bernie Sanders en leur lançant: "Vous devez savoir une chose: je vous ai entendus. Votre cause est notre cause." "PLUS FORTS ENSEMBLE" Le sénateur du Vermont, incarnation de l'aile gauche du parti qui fut son adversaire au cours de la primaire démocrate et dont certains partisans ont vécu une convention amère, a félicité Hillary Clinton. "Ensemble, nous sommes plus forts", a-t-il écrit sur Twitter, reprenant le slogan choisi par l'équipe de campagne de la candidate. "Grand discours. Elle a passé le test. Elle est prête. Elle n'abandonne jamais. C'est pour ça qu'Hillary doit devenir notre prochaine POTUS (présidente des Etats-Unis, NDLR), a commenté quant à lui Barack Obama sur Twitter avant de lui promettre qu'il lui confierait les clés de la Maison blanche. "Personne n'a de plus mauvais jugement qu'Hillary Clinton, la corruption et la dévastation la suivent partout où elle va", a de son côté lancé Donald Trump sur Twitter, après avoir affirmé qu'il n'écouterait pas son discours. Chelsea Clinton avait plus tôt brossé le portrait d'une mère aimante et passionnée, multipliant les anecdotes familiales. Elle a relaté un séjour de l'ancienne première dame en France "qui restera la France", discrète pique adressée à Donald Trump qui déclarait cette semaine que "la France n'était plus la France". La fille unique du couple Clinton avait été précédée à la tribune par le légendaire basketteur Kareem Abdul-Jabbar ou encore la chanteuse pop-rock Katy Perry. Les délégués démocrates ont également pu entendre Khizr Khan, le père d'un soldat américain de confession musulmane mort au combat. Khizr Khan a attaqué Donald Trump sur ses propos hostiles aux musulmans et a demandé à l'homme d'affaires s'il avait "jamais lu la Constitution" avant d'en brandir un exemplaire qu'il a proposé de lui prêter. (Nicolas Delame et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)