Offensive turque en Syrie : le rameau d'olivier turc

L'armée turque près de la frontière syrienne, dimanche.

L'écrivain Nedim Gürsel dénonce l'hypocrisie et le cynisme de «l'opération de Paix» menée depuis samedi par le président Erdogan.

«Ah ! Dieu que la guerre est jolie !» s’écriait Guillaume Apollinaire en portant un bandeau noir autour de la tête pour mieux souligner sa blessure. Le poète de la Chanson du mal aimé écrivait aussi : «Que c’est beau ces fusées qui illuminent la nuit» en ignorant que l’obus suivait en vérité sa courbe jusqu’aux êtres humains pour les déchiqueter. Quand l’armée turque a débarqué à Chypre en 1974, les dirigeants avaient qualifié l’intervention militaire d’«Opération de paix». Aujourd’hui, dans un tout autre contexte, ils appellent la guerre qu’ils viennent de déclarer aux forces kurdes de Syrie «Le rameau d’olivier». Comme s’il était possible de tendre à l’adversaire le symbole de la paix en lui envoyant des fusées. Autrement dit, la Turquie agite un rameau d’olivier au YPG, la branche armée du PKK, tout en la bombardant.

Depuis Chypre, c’est la première fois que l’armée turque intervient à l’intérieur des frontières d’un Etat souverain sous prétexte que cette opération a pour but, non seulement de «nettoyer» la région de «la menace terroriste», mais aussi de sauvegarder l’intégralité territoriale de la Syrie. On ne peut faire mieux en matière d’hypocrisie et de cynisme. Je crains que cette escalade militaire complique encore plus le conflit syrien et coûte cher à la Turquie.

Je crains aussi que M. Erdogan, «omniscient» et «omniprésent», en profite pour se présenter comme «le héros de la nation» à l’élection présidentielle de 2019. Il vient d’évoquer une fois de plus le nom d’Allah et de se référer au prophète de l’islam pour justifier la guerre. Et pour dire aussi que c’est lui qui est le commandant en chef. Il n’hésite pas à instrumentaliser les mythes fondateurs de la religion musulmane en oubliant qu’il est président d’un pays laïque. Ou qui se dit laïque alors que l’islamisation de la société a le vent en poupe.

Je constate (...)

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