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Offensive terrestre de l'armée dans le nord-ouest de la Syrie

par Sylvia Westall et Tom Perry BEYROUTH (Reuters) - L'armée syrienne et ses milices supplétives, appuyées par des frappes aériennes et tirs de missiles de croisière russes, ont lancé jeudi une offensive terrestre contre les rebelles qui tiennent la plaine stratégique de Sahl al Ghab, dans le nord-ouest de la Syrie, indique l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Les insurgés ont enregistré cette année une série de succès dans cette région au sud de la ville de Djisr al Choghour, menaçant la région côtière jugée cruciale pour le contrôle de la partie occidentale du pays par le régime de Damas. Les forces fidèles à Bachar al Assad Assad pilonnent les zones rebelles à coups de missiles sol-sol et sont appuyées par des frappes de l'aviation russe, a déclaré Rami Abdoulrahmane, directeur de l'OSDH. Fin juillet, des groupes insurgés, dont le Front al Nosra lié à Al Qaïda, ont progressé dans cette région fertile du nord-ouest, longue d'environ 60 km, et se sont rapprochés de la région montagneuse qui constitue le fief des alaouites, communauté à laquelle appartient la famille de Bachar al Assad. L'OSDH, qui suit le conflit grâce à des sources sur le terrain, rapporte qu'une autre offensive a été lancée mercredi par les forces pro-Assad dans la province de Hama, où les rebelles ont abattu un hélicoptère. L'ONG basée à Londres dit ne pas être en mesure de préciser s'il s'agit d'un appareil syrien ou russe. Le ministère russe de la Défense a de son côté fait état de 27 raids aériens en 24 heures contre des positions tenues, selon lui, par le groupe Etat islamique (EI) dans les provinces de Homs, Hama et Rakka, ainsi que de tirs de missiles de croisière pour le deuxième jour consécutif depuis ses navires croisant en mer Caspienne, à 1.500 km de distance. Selon des responsables américains, quatre de ces missiles se sont écrasés en territoire iranien. Le ministère russe de la Défense n'a pas souhaité faire de commentaire. Ces missiles, qui ont survolé mercredi les territoires iranien et irakien avant de frapper la Syrie, ont été tirés sans prévenir les Etats-Unis et leurs alliés, a déploré jeudi le chef du Pentagone, Ashton Carter, en qualifiant de "non professionnelle" l'attitude de l'armée russe. Les chefs de la diplomatie américaine et russe, John Kerry et Sergueï Lavrov, se sont pour leur part entretenus au téléphone dans le but d'éviter que des incidents se produisent dans l'espace aérien syrien, utilisé désormais à la fois par les aviations russe et américaine, les Etats-Unis menant des raids contre le groupe djihadiste Etat islamique. QUINZE CHARS SYRIENS DÉTRUITS Les offensives au sol semblent constituer le premier assaut majeur coordonné des forces gouvernementales syriennes et de l'armée russe mais, précise l'OSDH, il ne s'est pas encore traduit par des progrès significatifs. "Treize membres des forces du régime ont été tués. Parmi les combattants rebelles, seuls onze morts ont été confirmés mais ce nombre est certainement plus important", a détaillé Rami Abdoulrahmane, directeur de l'OSDH. Une quinzaine de chars et véhicules blindés gouvernementaux ont été détruits ou immobilisés par des missiles antichars tirés par les rebelles, a-t-il ajouté. La campagne de raids aériens entamée il y a huit jours par les forces russes vise principalement les régions occidentales de la Syrie, où Assad entend reprendre le contrôle de territoires pris cette année par les insurgés. La Russie affirme combattre l'Etat islamique en Syrie mais les djihadistes n'ont guère été pris pour cible par les opérations de l'aviation russe. L'EI n'est pas implanté dans les régions visées par les offensives de mercredi et de jeudi. Abou al Barra al Hamaoui, membre du groupe rebelle Adjnad al Cham, a indiqué que le pilonnage aérien avait commencé à l'aube et était le plus intense parmi ceux déjà menés sur cette région. "Le régime tente de progresser mais la situation reste sous notre contrôle", a-t-il affirmé. Le chef d'état-major de l'armée syrienne, le général Ali Abadllah Ayoub cité par la télévision d'Etat, a indiqué qu'une "grande offensive" avait commencé pour "libérer les régions et les villes qui souffrent du terrorisme". (Pierre Sérisier, Tangi Salaün et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)