L'armée irakienne veut reprendre Tikrit à l'Etat islamique

par Dominic Evans BAGDAD (Reuters) - L'armée irakienne soutenue par des milices chiites a lancé lundi une offensive sur les zones contrôlées par l'Etat islamique (EI) au nord de Bagdad pour reprendre la ville de Tikrit, capitale de la province de Salah ad Dinn. Il s'agit de la principale opération militaire lancée par l'armée irakienne dans cette province depuis que les combattants djihadistes se sont emparés en juin dernier de larges parties des territoires du nord de l'Irak avant de progresser en direction de Bagdad. Le déclenchement de l'offensive a été annoncé dimanche soir par le Premier ministre irakien, Haïdar al Abadi, à Samarra, ville importante de la province, située au sud de Tikrit, où l'armée et les milices chiites s'étaient préalablement rassemblées. Des progrès des forces irakiennes dans la province de Salah ad Dinn, majoritairement sunnite, dépendront les projets de reconquête de Mossoul, la deuxième ville d'Irak située plus au nord, dans la province de Ninive, et principale ville contrôlée par l'EI. Selon un responsable américain, l'assaut sur Mossoul pourrait commencer dès le mois d'avril. Les autorités irakiennes se refusent à confirmer cette date. L'EI contrôle plusieurs secteurs de la province de Salah ad Dinn, dont Tikrit, la région natale de Saddam Hussein, et d'autres villes sur le Tigre. D'après une source au sein du commandement militaire local, les forces irakiennes ont progressé lundi au nord de Samara vers les villes de Tikrit, à 40 km, et d'Al Dour, que les autorités présentent comme un bastion de l'EI. Les soldats irakiens sont soutenus par l'armée de l'air irakienne, qui bombarde les positions djihadistes, et ont reçu le renfort de miliciens chiites du Hachid Chaabi, ou unités de Mobilisation populaire, venus de la province voisine de Diyala. FORTE RÉSISTANCE de l'EI Les positions de l'EI dans Tikrit sont également bombardées par les artilleurs qui se trouvent sur une base militaire irakienne située juste au nord de la ville. En avançant vers Samarra à partir de leur base à l'est, les militaires irakiens et les milices chiites font face à une forte résistance de l'EI qui a eu des mois pour organiser sa défense. Cinq soldats et 11 miliciens ont été tués depuis le début de l'offensive, a-t-on appris de sources militaire et médicale. Un attentat suicide à la voiture piégée a également visé un convoi de miliciens chiites à l'est de Samarra, faisant quatre morts, a annoncé la police. Une trentaine de miliciens ont par ailleurs été blessés dans les combats près d'Al Dour. En déclarant le début des opérations dimanche soir, Haïdar al Abadi a donné aux djihadistes de l'EI ce qu'il a qualifié de "dernière chance" de déposer les armes. "S'il persistent dans l'erreur, ils recevront le juste châtiment qu'ils méritent", a-t-il ajouté. Il a également insisté sur le fait que l'armée et les milices devaient protéger les civils et leurs biens sur le champ de bataille. Les miliciens chiites ont été accusés d'avoir perpétré des exécutions de masse et d'avoir brûlé des maisons dans les secteurs qu'ils ont repris à l'EI. Les dirigeants de ces forces paramilitaires nient ces accusations. Les frappes aériennes de la coalition internationale et l'action concertée des milices chiites, des peshmergas kurdes et de l'armée irakienne ont permis de contenir l'avancée de l'EI et de repousser ses combattants des alentours de Bagdad, du Nord kurde et de la province de Diyala dans l'Est. Mais les djihadistes sunnites ont conservé l'essentiel de leurs bastions de Salah ad Dinn, les précédentes offensives sur Tikrit ayant échoué, et conquis de nouveaux territoires dans la province d'Anbar située dans l'ouest du pays. (Avec Saif Hameed et Ahmed Rasheed; Henri-Pierre André et Danielle Rouquié pour le service français, édité par Tangi Salaün)