Offensive de l'armée syrienne et ses alliés au sud d'Alep

A Darat Izza, dans les environs d'Alep, après une frappe aérienne russe, selon des habitants. L'armée syrienne et ses alliés iraniens et libanais ont lancé vendredi une offensive dans le sud d'Alep avec le soutien de frappes aériennes russes. /Photo prise le 13 octobre 2015/REUTERS/Ammar Abdullah

par Mariam Karouny BEYROUTH (Reuters) - L'armée syrienne, aidée au sol par des renforts iraniens et du Hezbollah libanais, et dans les airs par l'aviation russe, a lancé vendredi une offensive au sud d'Alep, ouvrant un nouveau front dans son entreprise de reconquête de l'ouest du pays. En pressant l'opposition armée sur plusieurs fronts dans ce secteur, le président syrien Bachar al Assad veut récupérer le contrôle de la "Syrie utile", grosso modo la partie occidentale, alors que l'Est est pratiquement contrôlé par l'Etat islamique. Alep, capitale commerciale et industrielle du pays, était la première ville de Syrie avant le début de la guerre civile, il y a quatre ans. Elle compte aujourd'hui encore deux millions d'habitants. Les forces gouvernementales et différents groupes rebelles s'en partagent le contrôle. "C'est la bataille promise", a déclaré un haut gradé à propos de l'offensive d'Alep, appuyée par plusieurs centaines d'Iraniens et de combattants du Hezbollah. C'est la première fois que les combattants iraniens participent à un tel degré au conflit syrien, souligne-t-il, bien que leur nombre soit modeste comparé à l'armée syrienne. "Le coeur principal est l'armée syrienne", dit-il. Le Hezbollah, qui a soutenu Bachar al Assad dans plusieurs batailles depuis le début de la guerre civile, indique de son côté que l'armée syrienne mène une "grande opération militaire", avec le soutien des avions russes et syriens, sur un front d'au moins 15 km de large qui va du sud-ouest au sud-est d'Alep. Dans son communiqué, il ne fait pas mention de ses combattants. Deux sources dans la région ont indiqué cette semaine que l'Iran avait envoyé des milliers de soldats en Syrie pour soutenir l'offensive en cours dans la province de Hama et en prévision de celle d'Alep. L'Iran reconnaît avoir fourni des armes et des conseillers militaires pour soutenir Bachar al Assad mais dément avoir envoyé des troupes. Au cours de la semaine écoulée, la presse iranienne a fait état de la mort en Syrie de trois hauts responsables du corps des gardiens de la Révolution iranienne (CGRI), dont Hossein Hamedani, l'un de ses commandants adjoints. Deux cadres du Hezbollah ont également été tués en Syrie la semaine dernière, selon une source libanaise. MISSILES TOW DE FABRICATION AMÉRICAINE "L'opération militaire a commencé dans les zones rurales du sud d'Alep", dit-on de source pro-gouvernementale. Rami Abdoulrahmane, directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), une ONG basée à Londres, fait état de violents combats dans le Djebel Azzan, à 12 kilomètres au sud d'Alep. La région ciblée par l'armée syrienne et l'aviation russe est située près de l'autoroute nord-sud qui relie Alep et Damas, précise le directeur de l'OSDH, qui dispose d'un réseau d'informateurs sur le terrain. L'armée a repris aux rebelles le village d'Abtine, selon Rami Abdoulrahmane ainsi qu'une base militaire proche du village de Sabikiya. Les deux villages sont proches du Djebel Azzan. Les rebelles ont touché un char de l'armée syrienne en tirant un missile antichar Tow de fabrication américaine, précise le directeur de l'OSDH. Selon la source militaire interrogée, les combattants rebelles sont principalement du groupe islamiste Ahrar al Cham et du Front al Nosra, la branche syrienne d'Al Qaïda, ainsi que des groupes Soukour al Cham et Faïlak al Cham. Le chef d'une autre brigade rebelle, Foursan al Hak, qui est soutenue par les opposants étrangers de Bachar al Assad et fait partie de l'Armée syrienne libre (ASL), explique que ses combattants ont envoyé des missiles Tow dans le secteur d'Alep pour contrer l'offensive de l'armée. "La bataille se poursuit et la résistance est plus forte que l'attaque", assure Farès al Bayouch. Depuis le début des frappes aériennes russes le 30 septembre, les forces de Bachar al Assad sont repassées à l'offensive dans plusieurs régions de l'ouest de la Syrie, d'abord dans les provinces de Lattaquié, d'Hama et d'Idlib perdues cet été et, plus récemment, dans celle de Homs. Dans cette ville, 60 personnes, dont 30 femmes et enfants, ont péri dans les bombardements de jeudi, a déclaré vendredi Rami Abdoulrahmane. La cible officielle de Moscou est le groupe djihadiste Etat islamique mais la plupart des attaques ont visé d'autres mouvements rebelles syriens. (Dominic Evans; Tangi Salaün, Nicolas Delame et Danielle Rouquié pour le service français)