Offensive diplomatique iranienne dans trois pays du Golfe

par Ahmed Hagagy KOWEIT (Reuters) - Le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, effectuait dimanche des visites au Koweït, au Qatar et en Irak, dans le cadre d'une offensive diplomatique visant à calmer les inquiétudes dans les pays arabes à la suite de l'accord de Vienne sur le programme nucléaire de Téhéran. La plupart des pays du Golfe craignent un rapprochement entre l'Iran et Washington à la suite de cet accord conclu le 14 juillet à Vienne entre la République islamique et les grandes puissances, sur fond de conflit entre chiites et sunnites au Proche-Orient. Lors d'une conférence de presse à Koweït, le chef de la diplomatie iranienne a appelé à l'unité des pays de la région contre l'extrémisme. "Toute menace contre l'un de nos pays est une menace contre tous (...) Aucun pays ne peut résoudre les problèmes régionaux sans l'aide des autres", a-t-il dit lors d'une conférence de presse à l'ambassade d'Iran à Koweït. Il venait de s'entretenir avec l'émir du Koweït, le cheikh Sabah al Ahmed al Sabah, et avec son homologue koweïtien, le cheikh Sabah al Khaled al Sabah, qui n'était pas présent à la conférence de presse. "L'Iran soutient tous les peuples de la région dans la lutte contre l'extrémisme, le terrorisme et le sectarisme (...) Notre message aux pays de la région est que nous devons relever ensemble ce défi commun", a ajouté Zarif. Après le Koweït, il s'est rendu au Qatar, où il devait être reçu par l'émir Tamim bin Hamad al Thani, puis devait gagner l'Irak. Le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, qui accompagne Mohammad Javad Zarif, a déclaré que le but de ce voyage était de "renforcer les liens et la coopération dans tous les domaines" avec les pays voisins de l'Iran. "LUTTE CONTRE L'EXTRÉMISME" "La lutte contre l'extrémisme et la violence, le renforcement des relations sont une nécessité pour assurer le développement et la sécurité dans la région", a-t-il ajouté. Avant cette visite, Zarif a souligné sur le site internet de son ministère que l'Iran continuerait de soutenir ses alliés en Irak et en Syrie face aux djihadistes sunnites de l'Etat islamique (EI). Le président iranien Hassan Rohani, qui se trouvait dimanche dans la province iranienne du Kurdistan, a affirmé que son pays défendait "toutes les nations opprimées". "Sans l'Iran, Erbil et Bagdad seraient aussi tombés entre les mains des terroristes (de l'EI). Tout comme nous avons défendu Dahouk, Erbil et Souleimanieh (au Kurdistan irakien), l'Iran saura défendre les opprimés si un pays de la région est victime d'une agression", a-t-il dit. Samedi, Bahreïn a annoncé le rappel pour consultations de son ambassadeur en poste à Téhéran en raison des "déclarations hostiles" répétées des autorités iraniennes. Le petit royaume du Golfe a également annoncé l'arrestation ce mois-ci de deux hommes liés à l'Iran et impliqués dans une affaire de contrebande d'armes. Plusieurs attentats à la bombe, certains meurtriers, ont été commis ces deux dernières années à Bahreïn et les autorités ont accusé un groupe chiite interdit, Saraya al Achtar, d'être responsable de plusieurs d'entre eux. Interrogé sur ces accusations, Hassan Ghashghavi, autre vice-ministre iranien des Affaires étrangères, a déclaré que Bahreïn n'acceptait apparemment pas que Téhéran "soutienne les opprimés" dans le petit royaume du Golfe. "Nous allons pourtant continuer et nous affirmons avec force qu'on doit tenir compte des opprimés à Bahreïn", a-t-il dit. (Avec Bozorgmehr Sharafedin; Guy Kerivel pour le service français)