Obésité : pourquoi les plus défavorisés sont aussi les plus touchés ?

Selon un rapport du Drees, les adolescents sont globalement en meilleure santé qu'en 2009, mais le surpoids et l'obésité ont progressé, surtout dans les milieux défavorisés.
Selon un rapport du Drees, les adolescents sont globalement en meilleure santé qu'en 2009, mais le surpoids et l'obésité ont progressé, surtout dans les milieux défavorisés.

Selon un rapport publié ce mercredi 28 août par la Drees, les adolescents issus des familles les plus modestes souffrent plus de surpoids et d’obésité que les autres. Comment expliquer cette différence ?

Des inégalités jusque sur la balance. Ce mercredi 28 août, la Drees (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques, le service de statistique des ministères sociaux) a rendu un rapport sur la santé des adolescents.

Les chiffres sont plutôt satisfaisants, puisque les jeunes sont globalement en meilleure santé que lors de la précédente étude, en 2009. Côté poids, en revanche, les choses n’ont pas vraiment évolué dans le bon sens. Les adolescents souffrent plus de surcharge pondérale et d’obésité. Mais, surtout, le poids semble intimement lié à la classe sociale.

En 2017 - année lors de laquelle l’étude de la Drees a été réalisée - 24 % des enfants d’ouvriers étaient en surcharge pondérale et 8 % étaient obèses. Les adolescents dont les parents sont cadres n’étaient, eux, que 12% à être en surpoids, et 3% à être obèses.

Comment expliquer un tel écart ? La Drees met en avant des “habitudes de vie différenciées selon le milieu social”, qui se traduisent notamment dans l’assiette mais aussi en terme d’activité sportive ou de temps passé devant les écrans.

Accès différent à la nourriture

Plusieurs paramètres entrent en jeu”, estime de son côté le professeur Sébastien Czernichow, chef du service nutrition de l'hôpital Pompidou, spécialisé dans l’obésité des adultes.

De manière générale, les personnes provenant des classes les plus défavorisées et les moins éduquées ont moins accès à l’information et aux messages de prévention”, comme le constate le spécialiste.

L’offre alimentaire est également différente selon les classes sociales. Les personnes dont les revenus sont bas ont moins accès à l’alimentation à forte densité nutritionnelle. En revanche “ils consomment plus d’aliments à la forte densité énergétique”, c’est-à-dire caloriques, ajoute le professionnel de la nutrition.

La zone géographique aurait également un impact. Dans les lieus les plus en difficulté - isolés notamment - l’accès aux soins est plus difficile, tout comme l’accès à des infrastructures pour faire des activités sportives.

L’éducation, la solution ?

Pour le professeur de diabétologie Philippe Frogel, l’éducation est le vrai levier d’action au sujet de l’obésité chez l’enfant et l’adolescent. “Certaines familles ne connaissent pas du tout les principes de la nutrition, même les choses élémentaires. Ils ne savent pas ce qu’est une alimentation équilibrée”, constate-t-il.

À LIRE AUSSI >> Obésité chez l'adolescent : 4 conseils d'une nutritionniste pour aider votre enfant

Pour lui, tout ne se joue surtout à la maison. “Certains parents, par manque d’information, d’argent ou d’envie, ne s’occupent pas vraiment de la nourriture de leurs enfants. Ils les laissent livrés à eux-mêmes, à grignoter devant la télévision”, décrit le professeur.

Il nuance tout de même le résultat de l’étude. “Ce que ce rapport ne dit pas, c’est que la génétique est responsable à 70%” de cette maladie.

Ce contenu peut également vous intéresser :