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Obama dénonce "l'emprise" de la NRA sur le Congrès américain

RANCHO MIRAGE, Californie (Reuters) - "L'emprise extrêmement forte" de la National Rifle Association (NRA), le lobby américain des armes à feu, sur le Congrès des Etats-Unis empêchera longtemps tout contrôle plus strict des ventes d'armes dans le pays, regrette Barack Obama dans une interview postée samedi sur le site du New York Times. L'entretien a été enregistré vendredi pour l'émission "WTF with Marc Maron", deux jours après la tuerie de Charleston qui a coûté la vie à neuf Noirs dans une église de la ville de Caroline du Sud. "Malheureusement, l'emprise de la NRA sur le Congrès est extrêmement forte", déclare le président américain, qui avait déjà tenté en vain d'imposer une législation plus sévère sur les ventes d'armes à feu après le massacre de l'école Sandy Hook de Newtown, dans le Connecticut en 2012 (26 morts dont 20 enfants). Barack Obama avait alors proposé de renforcer le contrôle des antécédents judiciaires ou psychiatriques des acheteurs, d'interdire certains fusils d'assaut et de limiter la capacité des chargeurs de munitions. Mais le projet n'avait pas réuni suffisamment de voix au Congrès. "Je ne pense pas que le Congrès entreprendra une quelconque action législative", a-t-il dit à Marc Maron. "Et je crois qu'aucune action véritable ne sera jamais entreprise tant que l'opinion publique américaine ne ressentira pas un sentiment d'urgence suffisant pour se dire: 'Ce n'est pas normal, c'est quelque chose qu'il faut changer, et on va le changer'." Sur son compte Twitter, le président démocrate a ajouté par la suite: "Voilà les stats: nous nous entretuons par arme à feu à un taux 297x plus élevé qu'au Japon, 49x plus qu'en France, 33x plus qu'en Israël." Des hommes et des femmes ont convergé samedi de tous les Etats-Unis vers Charleston pour assister aux cérémonies d'hommage aux neuf victimes de Dylann Roof, un jeune homme blanc de 21 ans qui a avoué être l'auteur de la tuerie. Charles Cotton, un responsable de la NRA, a provoqué une vague d'indignation sur les réseaux sociaux en reprochant au pasteur de l'église où le drame s'est produit de s'être opposé au port d'armes dans les lieux de culte. (Roberta Rampton; Jean-Stéphane Brosse pour le service français)