"Où allons-nous finir?": Israël largue des tracts sur Gaza-ville appelant tous les habitants à partir
L'armée israélienne a largué ce mercredi 10 juillet des tracts sur la ville de Gaza, appelant "toutes les personnes" dans cette localité du nord du territoire palestinien assiégé à partir vers le sud en empruntant des "corridors de sécurité", a constaté un journaliste de l'AFP.
"À toutes les personnes présentes dans la ville de Gaza, des corridors de sécurité vous permettent de vous rendre rapidement et sans inspection de la ville de Gaza vers des abris à Deir el-Balah et Al Zawiya", indique ce tract.
"La ville de Gaza reste une zone de combats dangereuse", prévient le texte.
"Où allons-nous finir?"
L'armée israélienne a débuté sa nouvelle offensive dans la ville de Gaza le 27 juin, en appelant les habitants du quartier est de Choujaïya à quitter les lieux puis a étendu en début de semaine ses appels à plusieurs quartiers du centre-ville (Al-Rimal), poussant des dizaines de milliers de personnes à fuir, d'après l'ONU.
Elle avait pourtant annoncé début janvier se concentrer désormais sur "le centre et le sud" de la bande de Gaza, après avoir "achevé le démantèlement de la structure militaire" du Hamas dans le nord.
Ce mardi, le bureau des droits de l'homme de l'ONU s'est dit "consterné" par les nouveaux appels israéliens qui encouragent "à fuir vers des secteurs où les opérations militaires de l'armée sont en cours et où des civils continuent d'être tués et blessés".
"C'est la 12e fois (qu'on est déplacés). Combien de fois faut-il encore endurer? Mille fois? Où allons-nous finir? Je n'ai plus d'énergie, je ne peux plus", a lancé Oum Nimr al-Jamal, qui a fui un quartier de Gaza avec sa famille.
"Aucun endroit sûr"
Le 27 juin, l'armée israélienne a lancé une opération terrestre à Choujaïya avant de l'étendre à d'autres quartiers, où des milliers d'habitants ont déjà fui après des premiers appels de l'armée à évacuer certains secteurs.
Selon Philippe Lazzarini, chef de l'Unrwa, "il n'y a absolument aucun endroit sûr" dans le territoire palestinien, où plus de 80% de la population ont été déplacés et où les habitants vivent dans des conditions "désastreuses" selon l'ONU.
Ce mardi soir, et pour la quatrième fois en autant de jours, une frappe israélienne a touché une école abritant des déplacés à Abassan près de Khan Younès (sud), faisant 29 morts dont des enfants selon une source médicale et le Hamas. L'armée a dit viser des "terroristes" dans ces raids.
À l'hôpital Nasser où les victimes de la frappe d'Abassan ont été transférées, de nombreux blessés dont des enfants, des jeunes et des vieillards ont été transportés par leurs proches, à pied, dans des camionnettes ou des ambulances, selon des images de l'AFP.
"Les écoles sont passées de lieux sûrs d'éducation et d'espoir pour les enfants à des refuges surpeuplés qui deviennent souvent un lieu de mort et de misère (...) Gaza n'est pas un endroit pour les enfants", a dit Philippe Lazzarini sur X.
Plus de 38.000 morts à Gaza
Des experts indépendants de l'ONU ont accusé Israël de mener une "campagne de famine" à Gaza: "la campagne de famine intentionnelle et ciblée d'Israël contre le peuple palestinien est une forme de violence génocidaire et a entraîné une famine dans toute la bande de Gaza."
La guerre à Gaza est entrée ce dimanche dans son dixième mois. Les hostilités ont été déclenchées le 7 octobre par l'attaque du mouvement palestinien contre Israël, ayant entraîné la mort de 1.195 personnes du côté israélien. Israël a juré de détruire le Hamas, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007.
Sa campagne militaire de représailles a dévasté la bande de Gaza et fait 38.295 morts, en majorité des civils, selon le ministère de la Santé de Gaza.