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RPT-Nyssen, du monde des livres aux tribulations politiques

Françoise Nyssen, qui n'a pas été reconduite dans le nouveau gouvernement annoncé mardi, aura pendant quinze mois tenté en vain d'imprimer sa marque dans un ministère de la Culture où elle aura été dépossédée de dossiers clés au profit de personnalités du monde culturel. /Photo prise le 10 octobre 2018/REUTERS/Philippe Wojazer

PARIS (Reuters) - (Supprime le troisième paragraphe)

Françoise Nyssen, qui n'a pas été reconduite dans le nouveau gouvernement annoncé mardi, aura pendant quinze mois tenté en vain d'imprimer sa marque dans un ministère de la Culture où elle aura été dépossédée de dossiers clés au profit de personnalités du monde culturel.

A 67 ans, la cofondatrice de la maison d'édition Actes Sud, visée par une enquête sur de possibles infractions aux règles d'urbanisme, va renouer avec le monde de l'édition qu'elle avait quitté en mai 2017 pour rejoindre le gouvernement.

A son arrivée rue de Valois, Françoise Nyssen, l'une des ministres issus de la société civile, avait expliqué avoir accepté la proposition d'Emmanuel Macron "pour servir une République qui [lui] a beaucoup donné" et avait demandé de "l'indulgence".

En un an et demi, cette femme discrète née en Belgique et qui a fait toute sa carrière à Actes Sud dans le sillage de son père, aura conservé le soutien officiel de l'exécutif tout en voyant plusieurs dossiers clefs lui échapper au profit de personnalités culturelles.

Le patrimoine a été ainsi confié à l'animateur de télévision Stéphane Bern, la question de la francophonie à l'écrivaine Leïla Slimani et les bibliothèques à l'académicien Erik Orsenna.

"POUVOIR ET AURA"

Si elle restait officiellement en première ligne dans la délicate réforme de l'audiovisuel public, elle avait perdu cet été le dossier de la régulation économique du secteur de l'édition ainsi que la tutelle du Centre national du livre afin d'éviter tout risque de conflit d'intérêt avec ses anciennes fonctions d'éditrice.

"Je suis à la manoeuvre, j'existe en faisant, certains existent en clamant", assurait-elle fin août au Journal du Dimanche, revendiquant notamment le lancement du "Pass culture". "Je porte cette urgence de l'accès à la culture pour tous, d'accompagner la création et de permettre la préservation du patrimoine. C'est mon fil rouge".

Début août, elle avait reçu le soutien indirect de huit représentants d'associations culturelles qui ont accusé Emmanuel Macron "d'affaiblir délibérément le ministère de la Culture" en "externalisant certaines de ses missions, en réduisant les effectifs du cabinet de sa ministre, tout en procédant, en parallèle, depuis l’Élysée, à la nomination discrétionnaire de chargés de missions".

Objet de critiques récurrentes, notamment sur sa communication et son manque présumé de sens politique, brocardée dans la presse, Françoise Nyssen avait exprimé en avril dans le Journal du Dimanche sa "stupéfaction" face à la "violence" du "théâtre de la politique".

"Je mène une politique, j'aime faire mais je ne suis pas une femme politique au sens du pouvoir et de l'aura", reconnaissait-elle alors.

(Marine Pennetier, édité par Yves Clarisse)