Il n'y a pas de violence institutionnalisée dans la police, dit Macron

IL N'Y A PAS DE VIOLENCE INSTITUTIONNALISÉE DANS LA POLICE, DIT MACRON

PARIS (Reuters) - Emmanuel Macron a rejeté vendredi les accusations de dérives autoritaires dont fait l'objet le gouvernement depuis quelques semaines et a rejeté l'idée qu'il puisse y avoir au sein de la police une violence institutionnalisée.

Le sujet des violences policières est revenu sur le devant de la scène après la diffusion sur les réseaux sociaux des images de l'évacuation de migrants sur la place de la République à Paris ainsi que de l'interpellation d'un producteur de musique noir dans le XVIIe arrondissement.

En parallèle, des milliers de personnes ont manifesté samedi dernier contre l'article 24 du projet de loi sur la "sécurité globale", qui interdit la diffusion d'images des membres des forces de l'ordre dans l'intention de nuire.

Ce texte, qui devrait finalement être réécrit au cours du processus législatif, est vivement dénoncé par les syndicats de journalistes et les mouvements de défense des droits de l'homme qui y voient une grave atteinte à la liberté de la presse.

"Aujourd’hui, la situation n'est pas satisfaisante mais, pardon, ce n’est pas ça qui fait de nous un état autoritaire", a dit Emmanuel Macron dans une interview accordée au média en ligne Brut, particulièrement suivi par les jeunes. "On n’est pas la Hongrie, la Turquie ou autre."

Rappelant avoir été très "choqué" par les images de l'interpellation de Michel Zecler, le producteur de musique, le chef de l'Etat a assuré que tout policier qui se montrait raciste ou excessivement violent devait être sanctionné soit administrativement soit par la justice.

Il a néanmoins refusé de parler de "violences policières" comme d'un concept à part entière.

"Ce terme-là d’abord est politisé. Les 'black blocs', une partie de l’extrême gauche qui veut la dissolution de l’Etat, a installé l’idée (...) qu’il y a une violence consubstantielle à la police. (...) C'est faux", a dit Emmanuel Macron.

"UNE MANIPULATION"

"C'est une manipulation et c’est quelque chose dont le but est d’affaiblir une institution républicaine. Les policiers, les policières, les gendarmes qui s’engagent pour servir, ils ne sont pas dans un camp, ils protègent l'ordre républicain."

Il faut redonner confiance dans la police et assurer des manifestations qui restent pacifiques, a-t-il ajouté.

Cela doit passer par une transparence accrue, ce que permettrait d'obtenir la généralisation de la "caméra-piéton", caméra portée par le policier, a précisé le chef de l'Etat, selon lequel de nouvelles caméras seront disponibles à partir de juin prochain.

Emmanuel Macron a également annoncé la création à partir de janvier d'une plateforme nationale de signalement sur les discriminations en raison des origines ou de la couleur de peau lors des contrôles de police, ainsi que le lancement d'un vaste sondage sur les discriminations vécues dans d'autres situations comme pour l'accès au logement ou à l'emploi.

Evoquant le communautarisme religieux, Emmanuel Macron a dit regretter que la République n'ait pas su donner le sentiment aux jeunes issus de l'immigration qu'ils avaient une place au sein de la société française.

Il a donc rappelé sa volonté de développer l'enseignement de l'arabe à l'école, une façon d'éviter que cet enseignement soit détourné par des associations et de reconnaître cette richesse selon lui. Il a dit vouloir finir le travail historique de la guerre d'Algérie pour permettre la "réconciliation des mémoires".

Face à la montée de la précarité des jeunes, Emmanuel Macron a annoncé une amélioration du système de bourses et "sans doute" encore une aide exceptionnelle en janvier. L'Etat a déjà débloqué 6,5 milliards d'euros d'aides à l'embauche des jeunes.

Interrogé sur la gestion de la crise sanitaire, le président de la République s'est dit "très prudent" vis-à-vis du vaccin de Pfizer et BioNTech contre le COVID-19 et a souligné que la vaccination de la population n'était pas à court terme la priorité de la stratégie de la France contre l'épidémie due au nouveau coronavirus.

(Caroline Pailliez, édité par Bertrand Boucey)