"Il n'y aura pas de sectarisme": pour Michel Barnier, la suppression de l'Aide médicale d'État n'est pas un "tabou"

Supprimer l'Aide médicale d'État, comme le réclame l'extrême droite depuis des années? Michel Barnier se dit prêt à se pencher sur la question. Invité du journal de 20 heures ce dimanche 22 septembre, le nouveau Premier ministre a affirmé qu'il n'y aurait pas de "tabou" ou de "totem" sur les questions d'immigration.

"On va faire des choses pratiques pour limiter et maîtriser l'immigration qui devient souvent insupportable et qui conduit à ne pas bien accueillir ceux qu'on accueille chez nous. Et c'est aussi un problème d'humanité", a lancé Michel Barnier.

"Il n'y aura pas d'idéologie, il n'y aura pas de sectarisme. Il y aura des mesures pratiques comme tous nos voisins en prennent. Et on va essayer de les prendre aussi en bonne intelligence avec eux", a ajouté l'ancien commissaire européen.

Le Premier ministre est-il prêt à supprimer l'Aide médicale d'État, qui couvre à 100% les frais de santé des étrangers présents sur le sol français depuis au moins trois mois? "Il n'y a pas de tabou ou de totem", répond Michel Barnier.

"Il y a simplement le souci de traiter cette question avec fermeté et avec humanité. Je voudrais aussi m'attaquer à un sujet qui coûte beaucoup d'argent qui est celui de la fraude fiscale bien sûr, mais aussi de la fraude sociale", ajoute-t-il.

"Nous ne laisserons pas passer cela"

Des propos qui ont scandalisé à gauche. "Nous, parlementaires du PS, agirons avec humanité pour les électeurs, et avec fermeté, nous censurerons cette politique qui a trop duré", a promis Rémi Cardon, sénateur socialiste de la Somme et porte-parole du parti. "Une faute éthique et un danger pour notre système de santé. Nous ne laisserons pas passer cela", lance l'ancien ministre de la Santé, désormais député NFP, Aurélien Rousseau.

Le député insoumis Thomas Portes dénonce lui un "racisme gouvernemental" et déplore que Michel Barnier "reprenne la proposition de Le Pen, Zemmour et de toute la fachosphère".

Car la suppression de l'AME est l'une des grandes revendications du Rassemblement national de Marine Le Pen. Lors des débats sur la loi immigration fin 2023, les sénateurs LR avaient supprimé ce dispositif, le transformant en une "aide médicale d'urgence". "Les Républicains se sont alignés sur ce qu'on proposait", se félicitait alors Jean-Philippe Tanguy, porte-parole du RN, sur BFMTV.

Toutefois cette mesure, supprimée par la commission mixte paritaire, ne figurait pas dans le texte définitivement adopté par le Parlement, souligne le site vie-publique.fr.

Lors de l'examen du projet de loi, 3.500 salariés et libéraux s'étaient engagés à "désobéir" et à "continuer de soigner gratuitement" ces malades si le dispositif devait disparaître. "La déontologie prescrit le juste soin pour chaque personne qui me consulte. La sagesse dénonce la faute éthique et en passant l'erreur épidémiologique", écrivaient les signataires. Avant de conclure: "patients d'ici et d'ailleurs, ma porte vous est ouverte. Et le restera".

Article original publié sur BFMTV.com