Pour la NUPES, les Européennes, la nouvelle division (deux ans avant)

S’Unir ou pas aux européennes ? La nouvelle division de la NUPES (deux ans avant l’échéance) - photo d’illustration prise pendant la campagne de la présidentielle
STEPHANE MAHE / REUTERS S’Unir ou pas aux européennes ? La nouvelle division de la NUPES (deux ans avant l’échéance) - photo d’illustration prise pendant la campagne de la présidentielle

STEPHANE MAHE / REUTERS

S’Unir ou pas aux européennes ? La nouvelle division de la NUPES (deux ans avant l’échéance) - photo d’illustration prise pendant la campagne de la présidentielle

POLITIQUE - Ils ont mis treize jours (et autant de nuits) pour sceller leur union avant les élections législatives. Tout juste. Pour les européennes, ils veulent s’y prendre deux ans à l’avance. Manuel Bompard a mis les pieds dans le plat, dimanche 7 août, en expliquant dans le Figaro vouloir une liste commune de la NUPES pour le… printemps 2024.

Selon l’ancien directeur de campagne de Jean-Luc Mélenchon, la très grande majorité des « votes au parlement européen sont communs avec les socialistes et les écologistes », il serait donc dommage de se priver. Le député des Bouches-du-Rhône, négociateur en chef des Insoumis est le premier à évoquer aussi clairement cette hypothèse. Et ce n’est pas anodin si elle émane, aujourd’hui, à plus de deux ans de l’échéance, d’un membre de la FI, une formation en délicatesse avec les élections intermédiaires.

Éminemment politique, cette option de liste commune semblait poindre, toutefois, dans les expressions de Jean-Luc Mélenchon depuis l’avènement de la NUPES. Le patron des Insoumis a rapidement mis en garde ceux qui souhaiteraient « descendre du train » de l’union, maintenant qu’il est enfin lancé. « Il en coûtera très cher », disait-il, le 7 juillet, dans un entretien à Libération, quelques jours seulement après l’installation de ses troupes.

Un mois plus tard, les différentes réactions à la sortie de Manuel Bompard montrent que l’avertissement du chef de gare n’a pas vraiment porté ses fruits : Le chemin pour arriver à cette fameuse liste commune est encore très long… Et certains, à gauche, sont bien tentés de rester à quai. Pas Sandrine Rousseau qui continue de jouer sa musique perso en estimant que la NUPES doit « confirmer l’espoir » qu’elle a fait naître. Et ce dès les « prochaines élections », puis « celles qui suivront. »

Les écolos ne sont pas chauds

Mais la députée de Paris est bien loin de la position de la direction écologiste. S’il ne ferme pas complètement la porte, EELV n’a pas accueilli la volonté unioniste des Insoumis avec la même ardeur pour les européennes que pour les législatives. Et pour cause… Le mode de scrutin pour les élections à venir, proportionnel, plurinominal et à un tour, favorise généralement leur camp. Yannick Jadot et ses comparses sont arrivés en tête des listes de gauche en 2019 avec 13 % des voix, soit plus du double des Insoumis (6 %). Une question stratégique avant tout ? Pas tout à fait.

Outre cet enjeu - auquel s’ajoute la nécessité, pour les différents partis de gauche, de continuer à exister au sein de la NUPES - les figures du camp écolo mettent surtout en avant des dissensions de fond. « Il y a une grande logique à avoir une alliance parlementaire de la NUPES (sur le plan national, ndlr) mais il y en a peut-être un peu moins à avoir une alliance européenne de la NUPES, car c’est sur ce plan-là que nos visions ne sont pas conformes », a fait valoir Sandra Regol, ex-numéro 2 d’EELV, lundi sur franceinfo.

« Ça n’a aucun sens. Ou alors je ne vois pas lequel… »
Un élu EELV

Sur les 650 mesures du « programme partagé de gouvernement » scellé entre LFI, EELV, le PS et le PCF en mai en vue des législatives, 33 étaient effectivement dites « en nuance », selon Jean-Luc Mélenchon, c’est-à-dire faisant l’objet de divergences entre les partenaires. C’est le cas par exemple sur l’Europe, l’Otan - et plusieurs sujets internationaux - ou bien encore le nucléaire.

Dans ce contexte, certains, chez les Verts, ne cachent pas un étonnement que l’on devine teinté d’agacement. « Ça n’a aucun sens. Ou alors je ne vois pas lequel… », souffle un élu estampillé Europe Écologie-Les Verts quand on l’interroge sur la liste commune dégainée par Manuel Bompard. « On termine à peine une séquence électorale », ajoute-t-il auprès du HuffPost, un brin désabusé, « Je ne crois pas que les Français attendant de nous (la gauche ndlr) que l’on soit en négociations permanentes. »

Olivier Faure : si les Insoumis évoluent…

Il en faudra, pourtant, des tractations, si les composantes de la NUPES veulent répéter le tour de force des législatives. Car au-delà des écologistes -et même si les communistes semblent ouverts- les socialistes aussi sont partagés. Si le député Jérôme Guedj espère dans Le Figaro aboutir à une liste commune, le premier secrétaire du PS, Olivier Faure fait savoir que leurs camarades insoumis devront entamer une mue s’ils veulent composer avec eux en 2024.

« Les questions les plus sensibles portent sur notre rapport à l’Union européenne et aux questions internationales », rappelle Olivier Faure au HuffPost en référence aux négociations pour le pacte de la NUPES au printemps dernier, or, ajoute-t-il, « sur ces sujets, la gauche, aujourd’hui, reste divisée. » « Peut-être que les insoumis évolueront sur certains points, mais nous-mêmes sommes européens et n’avons pas l’intention de varier », nous dit encore le Premier secrétaire du Parti socialiste, comme pour renvoyer la balle dans le jardin des mélenchonistes.

D’autant que les roses peuvent s’appuyer sur un précédent : Celui de la gauche plurielle qui gouvernait ensemble à la fin des années 1990, sans toutefois s’allier aux élections européennes de 1999. La liste socialiste de François Hollande était arrivée largement en tête avec 22 % des voix. Surtout, explique Olivier Faure, « s’il y a plusieurs listes, cela n’empêchera pas de se retrouver à d’autres élections. » En d’autres termes, pourquoi pas descendre du train avant l’arrivée en gare de Bruxelles, et remonter à bord pour les suivantes.

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