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Nucléaire: Kerry a répété à Zarif que le passé compte

VIENNE (Reuters) - Le chef de la diplomatie américaine, John Kerry, a téléphoné ces derniers jours à son homologue iranien, Mohammad Javad Zarif, pour lui dire que l'Iran devait répondre aux questions sur les motivations de ses recherches passées dans le domaine de l'atome s'il voulait conclure un accord global sur son programme nucléaire, a-t-on appris de plusieurs sources. Le secrétaire d'Etat américain avait suscité le trouble chez certains responsables occidentaux il y a une dizaine de jours en déclarant que les Etats-Unis n'étaient "pas obnubilés" par les activités nucléaires passées de l'Iran, expliquant que Washington savait déjà de quoi il retournait et privilégiait l'avenir. Ces responsables se demandaient depuis si John Kerry n'était pas en train de renoncer à une exigence essentielle des discussions avec Téhéran, ajoutant qu'il semblait surestimer les informations dont dispose son pays dans le seul but de faciliter la conclusion d'un accord global. Un porte-parole du département d'Etat a expliqué le 17 juin, au lendemain des déclarations de John Kerry, que ses propos avaient été mal interprétés. Mais le département d'Etat a depuis dû revenir à plusieurs reprises sur le sujet face aux questions des journalistes. John Kerry a téléphoné à Mohammad Javad Zarif, le ministre iranien des Affaires étrangères, pour clarifier le fait que Washington ne faisait aucune concession, ont dit des responsables occidentaux à Reuters. "Kerry a appelé Zarif pour lui dire que le passé compte et que les Etats-Unis insistent sur le fait que la question des PMD (les "possibles dimensions militaires") soit résolue lors des négociations", a dit une source occidentale proche des pourparlers. Un responsable iranien a déclaré que Kerry et Zarif s'étaient parlé à deux reprises ces derniers jours. "Il y a eu deux appels de Kerry à Zarif, durant lesquels il a corrigé sa position (...) Il a dit à M. Zarif que ses propos avaient été mal interprétés, que les activités passées étaient importantes et qu'elles devaient être clarifiées", a dit un responsable iranien. "Il a aussi dit que l'Iran devait faire la lumière sur les activités passées. C'est un sujet en cours de discussion." Un haut responsable américain a confirmé que les deux hommes s'étaient parlé mais a réfuté tout changement de la position américaine. Les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la France, l'Allemagne, la Russie et la Chine se sont donné jusqu'au 30 juin pour conclure un accord avec l'Iran sur son programme nucléaire. Les pourparlers doivent reprendre vendredi à Vienne, en présence notamment de John Kerry et de Mohammad Javad Zarif. (Louis Charbonneau et Parisa Hafezi; Marc Angrand pour le service français)