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Nucléaire: Le président de l'ASN inquiet d'un "risque systémique"

La sûreté des centrales nucléaires dans le monde est globalement préoccupante même s'il n'y a pas d'inquiétude à avoir dans l'immédiat, a estimé lundi le président du gendarme français du nucléaire (ASN), Pierre-Franck Chevet (photo), en évoquant la montée d'un "risque systémique". /Photo d'archives/REUTERS/Charles Platiau

PARIS (Reuters) - La sûreté des centrales nucléaires dans le monde est globalement préoccupante même s'il n'y a pas d'inquiétude à avoir dans l'immédiat, a estimé lundi le président du gendarme français du nucléaire (ASN) en évoquant la montée d'un "risque systémique".

"Il y a plus d'enjeux de sûreté, plus d'enjeux industriels, et de l'autre côté des entreprises qui ont des difficultés économiques, budgétaires, financières. Ce décalage entre plus de choses à gérer et moins de moyens pour le faire, sur la durée, porte des risques en soi", a expliqué Pierre-Franck Chevet lors d'un débat sur BFM Business.

Le président de l'Autorité de sûreté nucléaire a qualifié d'"enjeux sans précédent" le renforcement de la sécurité dans l'exploitation courante du parc nucléaire, la prolongation de la durée de vie des centrales (initialement conçues pour être exploitées 40 ans) ou encore les investissements encore à réaliser à la centrale japonaise de Fukushima.

"Mon message principal sur la longue durée est de dire que la situation est globalement préoccupante en matière de sûreté", a-t-il résumé. "Il y a un risque, pas immédiat du tout, pour la sûreté, mais un risque systémique ; il faut s'en occuper."

L'ASN a confirmé lundi un risque de sûreté sur des tuyauteries de systèmes de pompage d'eau froide de 20 réacteurs nucléaires exploités par EDF en France. Ce risque a été classé comme un événement de niveau deux sur une échelle qui en compte sept.

Un événement de niveau 2 concerne également 10 centrales françaises pour un risque portant sur la robustesse de certaines structures métalliques liées à des groupes électrogènes en cas de séisme.

L'ASN a en outre imposé fin septembre l'arrêt provisoire de la centrale du Tricastin (Drôme et Vaucluse) en raison de risques d'inondation du site en cas de séisme d'ampleur exceptionnelle.

"Usuellement, des incidents de niveau 2, on en a entre cinq et dix par an ; là, on en a trois dans une succession relativement rapide (...) On n'est pas dans des chiffres qui sortent de ce qu'on a vu dans le passé", a commenté Pierre-Franck Chevet.

"Le fait qu'on ait des anomalies, quelque part c'est un moyen de faire progresser la sûreté dans la durée."

(Dominique Rodriguez, avec Baté Felix)