Nouvelles sanctions US contre l'Iran, Trump avertit ses alliés

Les sanctions économiques américaines contre Téhéran sont en place depuis mardi, conformément au souhait du président Donald Trump, qui a prévenu ses alliés qu'ils ne pourraient plus commercer avec les Etats-Unis s'ils continuaient à en faire avec l'Iran. /Photo prise le 2 août 2018/REUTERS/Leah Millis

par Lesley Wroughton et Parisa Hafezi

WASHINGTON/ANKARA (Reuters) - Les sanctions économiques américaines contre Téhéran sont en place depuis mardi, conformément au souhait du président Donald Trump, qui a prévenu ses alliés qu'ils ne pourraient plus commercer avec les Etats-Unis s'ils continuaient à en faire avec l'Iran.

La première vague de sanctions, entrée en vigueur à 00h01 heure de Washington (04h01 GMT), porte notamment sur les transactions financières en dollars, sur le commerce de l'or et des métaux précieux, sur le charbon et sur le secteur automobile

Ce rétablissement graduel des sanctions américaines est la conséquence du retrait des Etats-Unis de l'accord de juillet 2015 - signé par l'Iran, les membres permanents du Conseil de Sécurité de l'Onu (Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Chine, Russie) et l'Allemagne - dont le président Donald Trump a dénoncé les "affreuses erreurs".

L'Union européenne se dit, avec la Russie et la Chine, déterminée à sauver l'accord de Vienne de juillet 2015, qui encadre les activités nucléaires de l'Iran en échange d'une levée progressive des sanctions économiques frappant Téhéran.

Une nouvelle loi anti-boycottage de l'UE visant à protéger les entreprises européennes doit entrer en vigueur mardi, alors que nombre d'entre elles ont choisi de quitter Téhéran par crainte de la portée des sanctions américaines.

Le président américain a prévenu ses alliés qu'ils ne pourraient plus faire affaire avec les Etats-Unis s'ils maintenaient leurs échanges avec l'Iran.

"En novembre, elles (les sanctions) atteindront un autre niveau. Quiconque fera des affaires avec l'Iran n'en fera plus avec les Etats-Unis. J'appelle à une PAIX MONDIALE, rien de moins", écrit-il sur Twitter.

Selon le conseiller à la sécurité nationale de la Maison blanche, John Bolton, le seul moyen d'échapper aux sanctions serait d'accepter l'offre de Trump qui souhaite négocier un accord plus contraignant.

"Ils pourraient accepter l'offre du président (Trump) de négocier avec eux, d'abandonner complètement et de manière vérifiable leurs programmes balistique et nucléaire", a-t-il déclaré lundi dans un entretien accordé à la chaîne Fox News.

"Si les ayatollahs veulent se soustraire aux pressions, ils doivent venir à la table des négociations. Les pressions ne diminueront pas tant que les négociations se poursuivent", a-t-il ajouté.

LE RÉTABLISSEMENT DES SANCTIONS VA ISOLER LES ETATS-UNIS

Quelques heures avant le rétablissement des sanctions, le conseiller à la sécurité nationale de la Maison blanche a appelé l'Iran à accepter de négocier avec les Etats-Unis sous peine d'en subir les conséquences.

Toute négociation avec les Etats-Unis peut être envisagée seulement si Washington parvient à prouver qu'il est digne de confiance, a estimé pour sa part le président iranien.

Cité par la télévision publique iranienne, le chef de la diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif, a affirmé lundi que le rétablissement des sanctions américaines allait isoler les Etats-Unis et leurs alliés saoudiens et israéliens.

"Aujourd'hui, Trump, (le prince héritier saoudien Mohamed) ben Salman et (le Premier ministre israélien Benjamin) Netanyahu sont devenus dans le monde entier les symboles du soupçon", a-t-il dit.

"Leurs politiques répressives et leurs mesures violentes les ont isolés. Le monde a pris ses distances vis-à-vis de leurs politiques hostiles contre l'Iran", a poursuivi Zarif.

L'Union européenne et les trois puissances européennes signataires de l'accord de juillet 2015 (France, Grande-Bretagne et Allemagne) ont dit lundi "regretter profondément la réimposition de sanctions par les Etats-Unis du fait de leur retrait du Plan d'action global commun (JCPOA)".

"La levée des sanctions liées au nucléaire est une partie essentielle de cet accord: elle vise à avoir une incidence positive non seulement sur les relations commerciales et économiques avec l'Iran mais également et surtout sur la vie du peuple iranien", ont précisé les Européens.

Leur communiqué ajoute que "les États qui demeurent parties au JCPOA se sont engagés à agir, notamment, pour préserver et maintenir des circuits financiers effectifs avec l'Iran et pour assurer la poursuite des exportations de pétrole et de gaz iraniens".

(Lesley Wroughton, David Brunstromm, Doina Chiacu et Lisa Lambert à Washington, Pariza Hafezi à Ankara, Robert-Jan Bartunek et Alissa de Carbonnel à Bruxelles; Jean Terzian, Arthur Connan, Henri-Pierre André et Nicolas Delame pour le service français)