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Nouvelles manifestations contre l'austérité en Tunisie

Les manifestations violentes contre l'austérité ont repris dimanche en Tunisie dans deux quartiers de la capitale et dans une autre localité après deux jours de calme relatif. /Photo prise le 14 janvier 2018/REUTERS/Youssef Boudlal

par Tarek Amara

TUNIS (Reuters) - Les manifestations violentes contre l'austérité ont repris dimanche en Tunisie dans deux quartiers de la capitale et dans une autre localité après deux jours de calme relatif.

Auparavant, plusieurs centaines de Tunisiens avaient manifesté dans le calme à Tunis où l'opposition avait lancé un appel à la mobilisation à l'occasion du septième anniversaire de la chute du président Zine El Abidine Ben Ali.

En fin de journée, des policiers ont tiré des gaz lacrymogènes pour disperser plusieurs dizaines de jeunes manifestants, dans le quartier d'Ettadamen à Tunis.

Un journaliste de Reuters a vu des jeunes d'environ 20 ans jeter des pierres sur des véhicules de police et mettre le feu à des pneus, avant l'intervention des forces de sécurité.

Selon des témoins, des manifestations violentes ont également eu lieu dans le quartier de Kram à Tunis.

A Feriana, près de la frontière algérienne, des manifestants ont tenté de bloquer des axes routiers. La police a poursuivi les manifestants dans les rues de la ville et utilisé des gaz pour les disperser.

Depuis le début du mouvement de protestation contre les hausses de prix, une personne a été tuée et près de 800 arrêtées, selon le ministère de l'Intérieur.

Les manifestations ont commencé lundi dernier dans plusieurs villes du pays après des augmentations de taxes et de prix entrées en vigueur le 1er janvier. Le gouvernement cherche à réduire le début budgétaire pour honorer un accord avec ses donateurs internationaux.

"NOS POCHES SONT VIDES"

Pour tenter de désamorcer la crise, le gouvernement tunisien a annoncé samedi soir le déblocage de 170 millions de dinars (57 millions d'euros) pour venir en aide aux familles les plus démunies et aux personnes dans le besoin.

Ce qui n'a pas empêché les manifestations de reprendre dimanche, contre la hausse des prix et des impôts.

Un des rassemblements s'est tenu devant le siège de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT), la principale centrale syndicale du pays. Plusieurs autres manifestations ont eu lieu le long de l'avenue Habib Bourguiba, principale artère de la capitale.

"Voilà ce que nous a fait le gouvernement", a déclaré Fouad, un manifestant. "Nos poches sont vides à cause des décisions injustes du gouvernement. Je suis professeur et ma femme est institutrice mais nous avons du mal à joindre les deux bouts."

"Nous n'avons gagné que la liberté d'expression après la révolution de 2011. Nous resterons dans la rue jusqu'à que nos droits économiques soient reconnus", a-t-il ajouté.

Des centaines de policiers anti-émeute avaient été déployés dans le centre de Tunis pour éviter des incidents et séparer les partisans du Front populaire (opposition) et ceux du parti islamiste Ennahda, membre de la coalition gouvernementale.

Ennahda et le gouvernement ont accusé le Front populaire d'être à l'origine de certaines des violences de la semaine écoulée.

Seule réussite démocratique née du mouvement des "Printemps arabes" de 2011, la Tunisie a connu neuf gouvernements depuis le renversement de Ben Ali. Aucun n'est parvenu à résoudre les graves problèmes économiques dont souffre le pays.

La crise s'est amplifiée après une série d'attentats meurtriers en 2015 qui ont quasiment mis à genou l'industrie touristique, cruciale pour le pays.

(Tangi Salaün, Eric Faye et Danielle Rouquié pour le service français)