Les nouvelles affiches de Marine Le Pen cachent une réponse à Zemmour

Marine Le Pen est bousculée sur son extrême droite avec la campagne d'Éric Zemmour. Ici à Budapest en Hongrie, le 26 octobre 2021. (Photo: Bernadett Szabo via Reuters)
Marine Le Pen est bousculée sur son extrême droite avec la campagne d'Éric Zemmour. Ici à Budapest en Hongrie, le 26 octobre 2021. (Photo: Bernadett Szabo via Reuters)

PRÉSIDENTIELLE - La dédiabolisation du Rassemblement national (RN), c’est fini? Avec l’arrivée percutante d’Éric Zemmour dans le jeu politique, Marine Le Pen est bousculée sur son extrême droite. Après quelques semaines de silence médiatique à la rentrée, la candidate du RN revient dans le jeu, et notamment par de nouveaux slogans.

Le dernier en date? “Rendre aux Français leur pays”, selon les informations de nos confrères de BFMTV ce vendredi 5 novembre. Un remake de “La France aux Français”, slogan historique du Front national, fondé par son père Jean-Marie Le Pen et dont elle s’était éloignée ces dernières années, jusqu’à virer le patriarche du parti qu’il avait créé et incarné pendant des décennies.

Alors pourquoi ce changement de pied soudain, alors même que pour son meeting de rentrée, Marine Le Pen jouait la carte du libéralisme avec ce slogan “Libertés, libertés chéries”? Une affiche aux nuances de vert et au ton qui se voulait plus rassembleur, loin des obsessions de l’extrême droite sur l’islam et l’immigration.

“Rendre aux Français leur argent”, peut-on encore lire sur ces nouveaux visuels qui seront diffusés ce week-end sur les marchés. Une réponse directe aux saillies xénophobes d’Éric Zemmour qui fait de l’étranger l’ennemi de toutes les politiques publiques qu’il souhaiterait mettre en place s’il était au pouvoir.

Alors qu’il n’est toujours pas candidat, le polémiste d’extrême droite ne cesse de grappiller des points à la candidate officielle du RN dans les enquêtes d’opinion. Au point de passer parfois devant elle pour être, selon certains sondages, en mesure de se qualifier pour le second tour de la présidentielle.

Talonnée, la candidate a d’abord hésité sur la stratégie à adopter. Au démarrage, elle joue la carte des ressemblances entre leurs programmes. “Je pense qu’Éric Zemmour fait partie de ceux qui croient en la France (...) Je ne le traiterai jamais comme un adversaire. Je pense qu’il devrait réserver ses attaques à Emmanuel Macron”, déclarait-elle sur TF1, le 12 septembre.

Hésitations et fébrilité

Ensuite la stratégie de la main tendue: “Je suis la mieux placée du camp national (...) Je suis convaincue qu’un jour il viendra rejoindre ma candidature”, lâchait-elle devant la presse mi-octobre. Pour ensuite tenter le coup de la décrédibilisation. Éric Zemmour n’a “aucune chance d’arriver au second tour”, pourfendait la candidate d’extrême droite quelques jours plus tard, le 22 octobre.

Une réponse directe aux premières attaques du journaliste du Figaro - en retrait du quotidien pour assurer la promotion de son livre - qui a débuté sa précampagne par des attaques ciblées envers Marine Le Pen, dont celle-ci, le 28 août: “Tout le monde a compris au RN qu’elle ne gagnerait jamais”.

Des revirements qui démontrent une certaine fébrilité dans le camp Le Pen et dont cette affiche semble vouloir faire la synthèse. Marine Le Pen conserve son visage souriant, ouvert, en décalage avec le slogan, plus agressif. “Deux thèmes se dégagent en novembre, le pouvoir d’achat et la sécurité. La stratégie c’est de coller à ça”, décrypte pour Le HuffPost Wallerand de Saint-Just, proche de Marine Le Pen.

“Jean-Marie Le Pen nous l’avait enseigné: il faut coller au terrain”, ajoute ce membre du Bureau exécutif du RN. Citer Jean-Marie Le Pen? C’était inimaginable dans les arcanes du parti il y a quelques mois encore. Le soutien donné, à demi-mot à Éric Zemmour, par l’ancien candidat à la présidentielle de 2002 y est sans doute aussi pour quelque chose.

“Nous ne revenons pas aux fondamentaux, ce sont les souffrances des Français qui sont les fondamentaux. En pleine guerre du Liban, je collais des affiches ‘Aujourd’hui le Liban, demain la France’”, rétorque Wallerand de Saint-Just, dans la même veine. Un héritage qui était plutôt caché ces dernières années.

Rien à voir avec Éric Zemmour, promet-on pourtant au RN où l’on voit l’arrivée du polémiste identitaire dans le jeu comme “une concurrence libre et loyale qui a toujours existé”. Et de citer Nicolas Sarkozy ou François Fillon. Ce n’était pas exactement sur le même créneau.

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Cet article a été initialement publié sur Le HuffPost et a été actualisé.

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