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Nouvelle semaine de tension en vue pour la Grèce

par Mike Peacock LONDRES (Reuters) - Même si la menace que représente la Grèce pour le reste de la zone euro et les marchés financiers est jugée beaucoup plus faible qu'il y a quatre ans, les discussions sur les réformes d'Athènes et l'aide internationale risquent fort d'accaparer une bonne partie de l'attention au cours des jours à venir. Les ministres des Finances de la zone euro se réunissent vendredi à Riga, en Lettonie, et tout le monde s'accorde pour dire que le temps presse pour éviter un défaut de paiement de la Grèce. Mais le gouvernement d'Alexis Tsipras n'a toujours pas présenté un programme détaillé de réformes susceptible d'être avalisé par ses bailleurs de fonds, ce qui, la plupart des observateurs, réduit la probabilité d'un compromis rapide. "Nous voulons tous que la Grèce réussisse", a déclaré Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne (BCE), samedi à Washington, où il participait à la réunion de printemps du Fonds monétaire international (FMI). "La réponse se trouve entre les mains du gouvernement grec. Il faut désormais travailler beaucoup plus, et c'est urgent", a-t-il souligné. Le "groupe de travail Eurogroupe", qui réunit les représentants du Trésor de chacun des pays membres de la zone euro, se réunira mercredi, 48 heures avant la réunion des ministres des Finances à Riga, a-t-on appris dimanche d'un responsable grec. L'Allemagne a déclaré la semaine dernière qu'il n'était pas réaliste de tabler sur le versement d'une nouvelle tranche d'aide à Athènes avant la fin du mois. "C'EST URGENT", DIT MARIO DRAGHI "Personne n'a le moindre indice sur le moyen de parvenir à un accord sur un programme ambitieux", a dit le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble. Le Premier ministre grec, Alexis Tsipras, victorieux des législatives de janvier après avoir promis de mettre fin à l'austérité, refuse d'engager la réforme des retraites, celle du marché du travail et les privatisations jugées nécessaires par les bailleurs de fonds étrangers. Mais après plusieurs semaines de blocage, Athènes risque de manquer prochainement de liquidités. Des responsables grecs ont déclaré à Reuters que le gouvernement allait devoir puiser dans tous les fonds disponibles pour verser les traitements et les retraites de la fonction publique à la fin du mois. Faute d'accord à Riga, le gouvernement Tsipras pourrait être contraint de choisir entre le paiement des fonctionnaires et le remboursement des prochaines échéances de la dette publique. La Grèce doit en principe payer en mai près d'un milliard d'euros au FMI et ce dernier a déjà averti qu'il ne tolérerait aucun retard. "Nous estimons désormais à 40% la probabilité d'un 'Grexit' et nous avons le sentiment qu'elle continue d'augmenter en l'absence de tout signe d'inversion de la tendance", explique Alastair Newton, analyste politique de la banque japonaise Nomura. Le mot "Grexit" se rapporte au scénario d'une sortie forcée de la Grèce de la zone euro, une hypothèse extrême aux conséquences internationales difficiles à évaluer. "La principale raison en est que la rhétorique a tendance non seulement à dominer mais à submerger le fond dans les échanges entre la Grèce et ses partenaires de la zone euro", ajoute Alastair Newton. (avec George Georgiopoulos à Athènes, Marc Angrand pour le service français)