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Une nouvelle plainte pour "tortures" contre le patron émirati d'Interpol, arrivé en France

Le général émirati Ahmed Nasser Al-Raisi (de face), élu le 25 novembre président d'Interpol, discute avec des délégués au premier jour de l'Assemblée générale de l'organisation, le 23 novembre 2021 à Istanbul - Ozan KOSE © 2019 AFP
Le général émirati Ahmed Nasser Al-Raisi (de face), élu le 25 novembre président d'Interpol, discute avec des délégués au premier jour de l'Assemblée générale de l'organisation, le 23 novembre 2021 à Istanbul - Ozan KOSE © 2019 AFP

Ahmed Nasser Al-Raisi est dans l'oeil du cyclone. Une nouvelle plainte pour "torture" et "actes de barbarie" a été déposée mardi à Paris au pôle crimes contre l'humanité du parquet antiterroriste (Pnat) contre l'Emirati, nouvellement intronisé président d'Interpol et qui se trouverait actuellement en France, a appris l'AFP de source proche du dossier.

Présent sur le territoire français

Ce dernier, élu fin novembre à la tête de l'organisation internationale de coopération policière, avait déjà été visé par deux plaintes mais celles-ci avaient été classées par le Pnat pour absence de compétence: l'intéressé ne résidait pas en France et ne se trouvait pas non plus sur le sol français.

L'une de ces deux plaintes avait été déposée le 7 juin par l'ONG Gulf Centre for Human rights (GCHR). Elle présentait l'opposant Ahmed Mansoor comme détenu à Abou Dhabi "dans des conditions moyenâgeuses constitutives d'actes de tortures". C'est cette organisation qui a de nouveau déposé mardi une plainte simple, consultée par l'AFP, contre Ahmed Nasser Al-Raisi.

Tweets de ce dernier à l'appui, l'ONG explique qu'il "se trouve sur le sol français" actuellement, à Lyon où se trouve le siège d'Interpol, ce qui suffirait à rendre la justice française compétente. "J'entame aujourd'hui ma première visite dans la ville française de Lyon en tant que président d'Interpol", a-t-il en effet écrit sur le réseau social.

Multiples plaintes

L'ONG exclut d'emblée son éventuelle immunité liée à sa fonction car le général émirati exercerait toujours également des fonctions policières à Abou Dhabi où Ahmed Mansoor serait toujours détenu dans des conditions toujours constitutives de "torture", selon les plaignants.

Ahmed Nasser Al-Raisi serait donc, selon l'ONG plaignante, l'un des responsables actuels de ces tortures, un motif d'exception à l'immunité diplomatique dont il bénéficie selon l'accord de 2008 régissant les relations entre la France et Interpol, organisation dont elle accueille le siège.

"Faire procéder à son interpellation immédiatement est une obligation impérative de la France aux termes des conventions internationales qu'elle a signées", déclare Me William Bourdon, avocat de l'ONG.

L'autre plainte avait été déposée début octobre par Rodney Dixon, l'avocat de deux plaignants britanniques, Matthew Hedges et Ali Issa Ahmad, qui ont rapporté en octobre à Lyon des faits de détention arbitraire ou de torture en 2018 et 2019.

L'élection d'Al-Raisi, à Istanbul le 25 novembre, s'était faite au grand dam des défenseurs des droits humains et de responsables politiques qui estimaient qu'elle portait atteinte à la mission de l'organisation.

La fonction de président est essentiellement honorifique, le vrai patron de l'organisation étant son secrétaire général.

Article original publié sur BFMTV.com