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Nouvelle nuit de négociations à Lausanne sur le nucléaire iranien

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif. Une nouvelle nuit de négociations a eu lieu à Lausanne entre les grandes puissances et l'Iran au-delà de la date butoir qu'ils s'étaient fixée pour parvenir à un accord préliminaire sur le programme nucléaire de Téhéran. /Photo prise le 1er avril 2015/REUTERS/Brendan Smialowski/Pool

par Louis Charbonneau et John Irish et Parisa Hafezi LAUSANNE, Suisse (Reuters) - L'Iran et les grandes puissances impliquées dans les négociations sur son programme nucléaire ont poursuivi leurs négociations durant la nuit de mercredi à jeudi sans parvenir à s'entendre. Les discussions entre Téhéran et le groupe dit P5+1, qui regroupe les cinq membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni) et l'Allemagne, peuvent aussi bien aboutir qu'échouer dans les prochaines heures, disent les diplomates réunis au bord du lac Léman. Les pourparlers, qui visent à encadrer le programme iranien pour empêcher la République islamique de se doter de l'arme atomique en échange d'une levée des sanctions internationales, achoppent sur des points cruciaux, même si les grandes lignes d'un accord semblent acquises. Les négociateurs, qui s'étaient fixé pour objectif de parvenir à un accord avant mardi à minuit, ont donc passé une nouvelle nuit à tenter de surmonter leurs divergences. "Cela va être long", a averti un diplomate de haut rang. Les discussions se sont achevées à 06h00 (04h00 GMT) et devaient reprendre quelques heures plus tard, dit Marie Harf, porte-parole du département d'Etat américain, sur Twitter. Le secrétaire d'Etat, John Kerry, et le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, ont indiqué qu'ils resteraient au moins jusqu'à jeudi à Lausanne pour tenter de conclure cet accord politique qui doit ouvrir la voie à un accord définitif d'ici la fin juin. Le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, qui était rentré à Paris mardi soir en jugeant les progrès insuffisants, est reparti en Suisse dans la soirée de mercredi. "On est à quelques mètres de l'arrivée mais les derniers mètres sont les plus difficiles et on va essayer de les franchir. Ce n'est pas encore fait", a-t-il dit à son retour à Lausanne. Pour le ministre français des Affaires étrangères, il y a encore des efforts à faire côté iranien. "Nous voulons un accord robuste et vérifiable et il reste des points où il faut progresser, notamment du côté iranien", a-t-il insisté. WASHINGTON APPELLE L'IRAN À AGIR Ministres et experts ont multiplié les consultations durant la nuit, mais rien de concret ne semble être sorti de leurs discussions. Il n'a pas eu de réunion plénière au niveau ministériel. "Nous avançons", a toutefois assuré le chef de la diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif, qui semblait étonnamment revigoré au petit matin. Le programme nucléaire iranien empoisonne les relations entre l'Iran et les Occidentaux depuis 2002 et a conduit l'Onu, les Etats-Unis et l'Union européenne à imposer depuis 2006 des sanctions qui étouffent l'économie iranienne. La République islamique est soupçonnée de vouloir la bombe atomique, ce qu'elle dément, disant seulement vouloir produire de l'électricité à partir de l'énergie nucléaire. Les pourparlers achoppent notamment sur la possibilité pour l'Iran d'enrichir librement de l'uranium pour la recherche scientifique et le rythme de levée des sanctions ainsi que la question de leur rétablissement en cas de non respect par Téhéran de ses engagements. Mohammad Javad Zarif, a déclaré mercredi à la presse que c'était aux grandes puissances, et non à l'Iran, de faire des concessions. "Le progrès et le succès des discussions dépendent de la volonté politique de l'autre partie (...) et c'est un point sur lequel ils ont toujours eu un problème", a-t-il dit aux journalistes. Dans le même temps, ou presque, la Maison blanche appelait Téhéran à agir. "Le moment est venu pour l'Iran de prendre des décisions", a déclaré le porte-parole de la présidence, Josh Earnest, réaffirmant que Washington était prêt à prendre ses responsabilités et à se retirer si nécessaire des négociations avant le 30 juin. (Henri-Pierre André, Jean-Stéphane Brosse et Jean-Philippe Lefief pour le service français, édité par Gilles Trequesser)