Publicité

Nouvelle grève en Grèce contre la réforme des retraites

ATHÈNES (Reuters) - Le gouvernement grec d'Alexis Tsipras a été confronté jeudi à une nouvelle grande grève à l'appel de deux des principaux syndicats du pays qui protestent contre la réforme du système des retraites. Des dizaines de vols intérieurs ont été suspendus, les ferries bloqués dans les ports et la plupart des transports publics paralysés par cet appel à cesser le travai llancé par le GSEE et l'ADEDY. Il s'agit de la deuxième grande grève organisée en Grèce depuis l'arrivée au pouvoir d'Alexis Tsipras, il y a un an, sur la promesse de mettre fin aux mesures d'austérité. Des milliers de personnes, salariés, indépendants, agriculteurs, ou retraités ont commencé à se rassembler dans le centre d'Athènes pour se diriger ensuite vers la place Syntagma, devant le Parlement. "Ils devraient être pendus ici, place Syntagma", disait Nikos Ghinis, un retraité cheminant parmi la foule. "Je reçois 740 euros par mois pour quarante années de travail (...) Je manifeste ici pour mes enfants et mes petits-enfants." En marge de la manifestation, des pierres ont été jetées sur les forces de l'ordre qui ont riposté en faisant usage de gaz lacrymogènes, a constaté un journaliste de Reuters. Le mouvement social se produit alors que les créanciers internationaux du pays sont à Athènes pour établir un premier bilan, crucial, des mesures mises en place par le gouvernement d'Alexis Tsipras. Dans le cadre de l'accord conclu en juillet 2015 sur une aide totale de 86 milliards d'euros, la Grèce doit adopter une vaste réforme des retraites visant à dégager 1,8 milliard d'euros d'économies, l'équivalent de 1% de son produit intérieur brut. Elle prévoit un quasi-triplement des contributions à la sécurité sociale dans les années à venir. Le pays doit en outre mettre en oeuvre des hausses d'impôts de 350 millions d'euros pour parvenir à l'objectif d'un excédent primaire de 0,5% du PIB. Pour les syndicats, ces réformes vont faire monter le chômage en augmentant les difficultés sur les entreprises. Ils soulignent aussi le risque d'inciter les travailleurs à la fraude fiscale, notamment pour les indépendants dont les contributions à la sécurité sociale seront liées au revenu déclaré. "On ne peut pas vivre, pas survivre avec ce que le gouvernement nous demande", a déclaré Socratis Aleiftiras, un agriculteur parmi des milliers à bloquer des routes ces deux dernières semaines. Les discussions entre Athènes et ses créanciers portent sur une première vérification du respect de ses engagements par le gouvernement grec, qui tente de convaincre ses interlocuteurs de la nécessité d'un réaménagement de la dette du pays. Le directeur général du Mécanisme européen de stabilité (MES), Klaus Regling, a exclu toute décote mais a présenté comme des options envisageables un rééchelonnement et un report des intérêts. (Renee Maltezou, Nicolas Delame et Véronique Tison pour le service français)