Nouvelle-Calédonie, Mayotte, Martinique… Les crises en outre-mer étaient partout lors des premières QAG du gouvernement Barnier
POLITIQUE - Problèmes de la vie chère, violences, aspirations à l’autodétermination… Les heures graves que traversent les territoires d’outre-mer se sont largement invitées dans les questions au gouvernement ce mercredi 2 octobre, les premières de l’ère Barnier. Des députés de tous bords, pour beaucoup ultramarins, se sont fait l’écho de questions urgentes.
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L’élue RN Anchya Bamana a ouvert le bal, dénonçant au micro la « situation d’urgence vitale » dans laquelle se trouve Mayotte dont elle est élue. Selon elle, l’archipel « condense à lui seul l’ensemble des problèmes qui touchent notre pays : immigration sans contrôle, insécurité omniprésente, prisons surpeuplées, services publics submergés ». Des propos tout sauf étonnants de la part d’une députée du Rassemblement national, qui lui ont valu une réponse de Bruno Retailleau.
Le ministre de l’Intérieur a fait le lien entre la situation locale et le territoire français dans son ensemble, estimant que « Mayotte est malheureusement le triste exemple de ce qu’une immigration totalement incontrôlée peut provoquer ». Il a aussi promis que « des accords de sécurité bilatéraux avec les pays voisins de l’Afrique des Grands Lacs » seraient signés.
À l’élection présidentielle de 2022, Marine Le Pen avait recueilli quasiment 43 % des voix à Mayotte. Sa candidate Anchya Bamana a raflé l’une des deux circonscriptions au printemps, coiffant au poteau le sortant LR Mansour Kamardine et devenant la première parlementaire du RN en outre-mer.
À l’autre bout de l’échiquier politique, le député GDR Emmanuel Tjibaou a pris à partie l’Assemblée. Élu en Nouvelle-Calédonie, ce fils du militant indépendantiste Jean-Marie Tjibaou, assassiné en 1989, s’est exclamé : « Notre pays est meurtri dans sa chair. » « Nous voulons être partenaires de la décolonisation plutôt que sujets soumis à la mère-patrie comme l’ont été nos grands-pères », a-t-il déclaré sous les applaudissements des groupes de gauche. Celui qui siège aux côtés des communistes a dit vouloir « accompagner la Nouvelle-Calédonie vers sa pleine émancipation ».
« Les Calédoniens ont été insultés »
Des propos qui tranchent avec ceux tenus quelques minutes plus tôt par le député macroniste Nicolas Metzdorf, opposé à l’indépendance du territoire. « Les Calédoniens se sont sentis humiliés. Ils ont dû se protéger eux-mêmes devant des milliers d’émeutiers. Ils ont été insultés. Vous n’avez pas eu un mot pour eux. Vous les avez abandonnés en abandonnant le dégel du corps électoral », a-t-il fustigé.
Face à un sujet brûlant qui avait mis le feu aux poudres au printemps, le Premier ministre Michel Barnier a joué l’apaisement, assurant lors de son discours de politique générale que « le projet de loi constitutionnelle sur le dégel du corps électoral adopté en mai dernier par les assemblées parlementaires ne sera pas soumis au Congrès ». Ce qui vaut satisfaction de Tjibaou, mais colère de Metzdorf qui, bien que siégeant dans le groupe macroniste, a expliqué qu’il envisageait de censurer le gouvernement. « Notre responsabilité est aujourd’hui d’aider l’urgence économique et sociale », a répondu le ministre des Outre-mer François-Noël Buffet.
Enfin, c’est la situation dramatique en Martinique qui s’est invitée dans l’hémicycle par la voix du député PS Jiovanni William. L’élu a demandé « des mesures concrètes contre la vie chère ». « Les Martiniquais aspirent à vivre, non pas à survivre. La souffrance du peuple est là. Je ne viens pas ici quémander l’amour de la mère-patrie », a insisté le socialiste. François-Noël Buffet, décidément sur tous les fronts, lui a promis en retour « qu’un travail de fond a été entamé au niveau central pour s’attaquer à ces factures de renchérissement des prix ». Après quarante-cinq minutes de questions au gouvernement, et pas moins de quatre questions sur les Outre-mer, la séance a été levée.
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