Nouvel épisode de tension sur le commerce, le rebond s'interrompt

par Marc Angrand

PARIS (Reuters) - Les Bourses européennes évoluent en net repli à mi-séance mercredi et Wall Street est attendue sur la même tendance, suivant un scénario désormais classique d'aversion au risque face aux nouvelles menaces de droits de douanes de l'administration américaine contre la Chine, qui a mis fin au rebond entamé en début de semaine dernière.

À Paris, le CAC 40 perd 1,24% à 5.366,78 points vers 10h45 GMT. À Francfort, le Dax cède 1,32% et à Londres, le FTSE 100 recule de 1,18%.

L'indice paneuropéen FTSEurofirst 300 est en baisse de 1,16%, l'EuroStoxx 50 de la zone euro de 1,19% et le Stoxx 600 de 1,16%. Ce dernier restait sur six séances consécutives de hausse pour un gain total de 2,65% en huit jours.

Les futures sur indices new-yorkais signalent une ouverture de Wall Street en baisse de 0,7% à 0,9%. Mardi, le Standard & Poor's 500 a fini au plus haut depuis le 13 mars après avoir pris près de 3% en quatre séances.

Une nouvelle fois, c'est l'administration américaine qui a jeté un froid sur les marchés en publiant une liste de produits chinois représentant quelque 200 milliards de dollars (171 milliards d'euros) d'importations aux Etats-Unis et sur lesquels Washington pourrait appliquer d'ici deux mois des droits de douane de 10% supplémentaires.

Une fois de plus, la Chine a répliqué en assurant ne pas souhaiter une guerre commerciale mais être prête à la livrer si nécessaire. Et Pékin va saisir l'Organisation mondiale du commerce (OMC) de ce nouveau volet du conflit avec Washington.

Cet enchaînement désormais bien rodé a sur les marchés boursiers des effets sans surprise: les actions baissent, les rendements obligataires refluent et les matières premières souffrent.

"Le président américain évoque des droits de douane sur 200 milliards de dollars de produits chinois pour montrer à Pékin qu'il garde la main", estime David Madden, de CMC Markets, ajoutant que "la menace d'une nouvelle vague de droits de douane a secoué les investisseurs juste au moment où la confiance était en train de revenir."

LE COURS DU CUIVRE AU PLUS BAS DEPUIS UN AN

Les marchés chinois ont été les premiers à accuser le coup: l'indice CSI 300 des principales capitalisations de Chine continentale a cédé 1,74%, le SSE Composite de Shanghai 1,78% et le yuan, sur le marché "offshore", abandonne 0,66% face au dollar.

L'indice MSCI des marchés émergents se replie quant à lui de 0,97%.

Sur les Bourses européennes, tous les secteurs sont dans le rouge mais les plus exposés au risque de montée des barrières douanières subissent les replis les plus marqués, l'instar des matières premières (-3,22%), de l'automobile (-1,80%) et des hautes technologies (-1,70%).

Le cours du cuivre chute de 2,33%, au plus bas depuis près d'un an, celui du nickel recule de 3,04% et le prix du baril de pétrole Brent baisse de 2,28% à 77,06 dollars, contre 79,51 au plus haut mardi.

Du côté des emprunts d'Etat, le rendement des bons du Trésor américain à dix ans recule de près de quatre points de base à 2,84% et celui du Bund allemand de même échéance de près de trois points à 0,298%.

Ce reflux des rendements pénalise les valeurs financières: l'indice Stoxx du secteur bancaire abandonne 1,37%, celui de l'assurance 1,31%.

Sur le marché des changes, le dollar s'apprécie de 0,24% face à un panier de devises de référence et l'euro revient tout près du seuil de 1,17 dollar.

Les cambistes surveilleront à 12h30 GMT les chiffres mensuels des prix à la production aux Etats-Unis.

CARREFOUR ET BURBERRY SANCTIONNÉS

Aux valeurs, Carrefour décroche de 4,73%, la plus forte baisse du CAC 40. Barclays, neutre sur la valeur, a abaissé son objectif de cours en disant s'attendre à ce que les ventes à données comparables et les marges du groupe aient de nouveau reculé au premier semestre. Le distributeur doit publier ses résultats semestriels le 26 juillet.

A Londres, Burberry perd 2,76%. Si ses ventes trimestrielles sont conformes aux attentes, le groupe de luxe s'est contenté de confirmer ses prévisions, ce qui favorise les prises de bénéfice après un gain de près de 40% depuis les plus bas de début février.

Burberry entraîne dans son sillage plusieurs autres valeurs du secteur: Kering cède 2,37%, LVMH 1,5%, Hermès 2,08%.

La baisse la plus spectaculaire du jour est toutefois pour le groupe pharmaceutique britannique Indivior, qui décroche de 30,97% après un avertissement sur ses résultats.

A la hausse à Paris, Spie (+3,51%) et Lagardère (+1,37%) profitent de recommandations d'achat, de Kepler Cheuvreux pour le premier et Goldman Sachs pour le second.

(Édité par Patrick Vignal)