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Nouveau repli des actions en Europe malgré un Ifo rassurant

par Marc Angrand

PARIS (Reuters) - Les Bourses européennes ont terminé en baisse lundi, le chiffre supérieur aux attentes de l'indice Ifo du climat des affaires en Allemagne n'ayant pas suffi à rassurer les investisseurs après l'inversion d'une partie de la courbe des rendements obligataires américains, perçue comme un signe précurseur de récession.

À Paris, le CAC 40 a fini sur une perte de 0,18% (9,28 points) à 5.260,64 points, son quatrième repli consécutif, portant à 3,05% son recul depuis mardi dernier.

A Londres, le FTSE 100 a perdu 0,42% et à Francfort, le Dax a reculé de 0,15%.

L'indice EuroStoxx 50 a cédé 0,16%, le FTSEurofirst 300 0,32% et le Stoxx 600 0,45%. Ce dernier affiche lui aussi quatre séances consécutives de repli

L'indice mondial MSCI, qui regroupe 47 marchés développés et émergents, a touché en début de journée son plus bas niveau depuis près de deux semaines.

Si les signes de ralentissement économique et l'évolution des rendements obligataires nourrissent les inquiétudes, certains investisseurs relativisent l'importance et la pérennité du mouvement de repli en cours.

"Nous ne pensons pas que cet accès de faiblesse sera durable, ni très marqué", écrit ainsi dans une note Mislav Matejka, responsable de la stratégie actions Europe de JPMorgan. "Nous conseillons de le considérer comme une opportunité de se renforcer car nous nous attendons à ce que le rebond s'amplifie avec les fondamentaux au deuxième semestre."

La banque américaine explique entre autres qu'elle ne croit pas à une dégradation des marges des sociétés cotées.

L'heure reste néanmoins à la prudence, en raison entre autres des risques liés à la possibilité d'une sortie sans accord du Royaume-Uni de l'Union européenne.

LES INDICATEURS DU JOUR

Seul indicateur majeur du jour, l'indice Ifo du climat des affaires en Allemagne est ressorti meilleur qu'attendu à 99,6 après 98,7 en février alors que les économistes interrogés par Reuters prévoyaient en moyenne un chiffre de 98,5.

Ce chiffre a compensé en partie l'effet très négatif des premiers résultats des enquêtes mensuelles PMI auprès des directeurs d'achats, qui ont déclenché vendredi la chute des rendements obligataires et des indices boursiers en Europe puis aux Etats-Unis.

"Les composantes des services, du commerce et de la construction de l'enquête Ifo suggèrent désormais un retournement du sentiment général", estime Iaroslav Shelepko, économiste de Barclays.

A WALL STREET

Au moment de la clôture européenne, Wall Street évoluait sans tendance claire, le Dow Jones cédant 0,11% et le Standard & Poor's 500 0,2% alors que le Nasdaq Composite était pratiquement inchangé.

Si les valeurs de la distribution (+0,59%) et de la consommation non contrainte (+0,37%) étaient bien orientées, les technologiques, considérées comme les plus exposées au ralentissement de la croissance mondiale, continuaient de souffrir: le S&P des "techs" cédait 0,48% et l'indice Philadelphia Semiconductor 1,3%.

VALEURS

En Europe comme à Wall Street, les valeurs technologiques figurent parmi les plus affectés par le repli général des actions: l'indice Stoxx des hautes technologies a abandonné 0,8%. Le repli le plus marqué du jour est pour le compartiment des médias avec un recul de 1,39%.

Deutsche Bank a perdu 0,71%, un recul que plusieurs traders expliquent par les informations selon lesquelles les actionnaires qataris s'opposent à un rapprochement avec Commerzbank (-0,97%).

A la hausse, la meilleure performance du Stoxx 600 est pour l'opérateur de satellites Inmarsat, qui a bondi de 9,64% après l'annonce officielle de son rachat par un consortium de fonds d'investissement, une opération d'environ 3,4 milliards de dollars (trois milliards d'euros).

Fiat Chrysler Automobiles a gagné 2,02% en réaction aux informations de presse selon lesquelles le groupe a repoussé des avances de PSA (-2,90%).

LVMH a gagné 1,36%. Le titre avait perdu jusqu'à 8,85% en tout début de séance, une chute due à l'erreur d'un trader selon plusieurs sources de marché.

TAUX

Les investisseurs continuent de surveiller la courbe des rendements obligataires américains, à commencer par l'écart entre le rendement des Treasuries à dix ans et celui des "T-bills" à trois mois, le passage du premier sous le second, une première depuis 2007, ayant accentué le mouvement d'aversion au risque vendredi.

Au moment de la clôture européenne, cette inversion était de nouveau présente, le dix ans s'affichant à 2,414%, au plus bas depuis fin décembre 2017, contre 2,447% pour le trois mois.

En zone euro, le rendement du Bund allemand à dix ans, référence pour la région, s'enfonçait alors en territoire négatif, à -0,029%, au plus bas depuis octobre 2016.

CHANGES

Le soulagement provoqué par le bon chiffre de l'indice Ifo allemand a brièvement profité à l'euro, qui est remonté au-dessus de 1,1330 dollar (contre moins de 1,13 au plus bas vendredi) avant d'effacer ses gains en fin de séance en Europe.

Le dollar cédait alors environ 0,1% face à un panier de devises de référence après deux séances de hausse.

La livre sterling, elle, a de nouveau reculé face au dollar et à l'euro. La Première ministre britannique, Theresa May, a renoncé pour l'instant à soumettre une nouvelle fois son accord de Brexit aux députés faute d'un nombre de voix suffisant en faveur du texte.

PÉTROLE

Les cours du brut se stabilisent après avoir souffert des craintes d'un ralentissement plus marqué qu'attendu de la demande mondiale.

Le Brent, tombé à 66,36 dollars en début de journée, est remonté à plus de 67 dollars et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) est revenu sur le seuil des 59 dollars, contre 58,17 dollars au plus bas du jour.

MÉTAUX

Les craintes de ralentissement plus marqué qu'attendu de la demande mondiale de matières premières ont fait tomber le cours du cuivre à son plus bas niveau depuis plus d'un mois, à 6.295 dollars la tonne à Londres.

L'or, au contraire, a touché un plus haut de trois semaines à 1.322,89 dollars l'once sur le marché spot, profitant de la baisse du dollar et du repli sur les valeurs refuges.

A SUIVRE MARDI :

Plusieurs indicateurs attendus mardi pourraient alimenter le débat sur les risques d'un ralentissement plus marqué que prévu de l'économie mondiale, parmi lesquels les indices de conjoncture de l'Insee en France, l'indice GfK du moral des ménages en Allemagne et l'indice de confiance du consommateur aux Etats-Unis.

(Édité par Wilfrid Exbrayat)