Nouveau Premier ministre : ce qu’est ce rôle de « préfigurateur » qu’imagine Olivier Faure
POLITIQUE - C’est un mot totalement absent du lexique politique en France. En appelant Emmanuel Macron à désigner un « préfigurateur », Olivier Faure a dû surprendre quelques auditeurs de franceinfo ce vendredi 6 décembre. Le Premier secrétaire du Parti socialiste s’est dit ouvert à « des compromis sur tous les sujets », y compris la réforme des retraites, avec les groupes politiques qui ont participé au front républicain lors des dernières élections législatives. « Je suis prêt à entrer en discussion », a-t-il souligné, estimant qu’il fallait nommer « quelqu’un qui puisse organiser la confrontation ».
Cette idée de préfigurateur, « pas si étonnante » puisqu’elle existe dans plusieurs autres pays, consiste à choisir un profil qui ne soit irritant pour aucune des forces autour de la table. Sa mission : arbitrer les négociations, définir une méthode, s’assurer du bon déroulement de la discussion. Selon le journal libéral L’Opinion, « c’est de cet accoucheur dont le monde politique a besoin, une personnalité capable de mettre d’accord les partis sur la forme et le fond ».
Le préfigurateur, concède Olivier Faure, ne doit pas être partie prenante. Sans chercher une neutralité parfaite qui n’existe pas, celui qui endosse ce rôle doit être au minimum en retrait, avec une vision surplombante. D’anciens Premiers ministres comme Jean-Pierre Raffarin, Jean-Marc Ayrault ou Dominique de Villepin cochent plusieurs cases. Tout comme Jean-Louis Borloo, qui a passé sa vie au centre et qui n’a aujourd’hui plus les mains dans le cambouis politique. Seul hic : ce préfigurateur doit avoir suffisamment de poids politique pour réussir à s’imposer et à faire respecter, ensuite, l’accord noué.
« Organiser les bons offices »
« Mettons-nous d’accord sur quelqu’un qui puisse organiser les bons offices, qui permette de faire dialoguer des gens différents », martèle Olivier Faure, qui indique vouloir tout faire pour éviter « le blocage institutionnel ». « Cela peut prendre 1 mois, 2 mois, 3 mois », poursuit-il. Autre option, pour donner plus d’importance à l’arbitre : ne pas nommer un préfigurateur, mais deux, trois ou quatre. Une petite équipe qui n’a pas d’ambition immédiate, qui ne court pas après les postes, mais qui est prête à construire des ponts entre forces politiques qui s’opposent et entre lesquelles le dialogue est rompu.
C’est le cas des socialistes et des macronistes qui, en dehors de quelques coups de fil passés ces dernières heures, dont Olivier Faure refuse de révéler la teneur, ne se parlent pas. Parfois, il arrive que le préfigurateur, ou l’un des préfigurateurs, soit nommé Premier ministre, pour sa capacité à bâtir des compromis.
Selon L’Opinion, l’ancien conseiller spécial d’Emmanuel Macron Philippe Grangeon avait proposé au président d’organiser, avant même l’annonce de la dissolution, des négociations en troïka autour de trois ex-locataires de Matignon : Élisabeth Borne, Bernard Cazeneuve et Jean-Pierre Raffarin. Idée finalement avortée. La France n’est pas habituée aux compromis, la Ve République n’ayant jusque-là connu que l’affrontement entre deux blocs qui se partageaient le pouvoir alternativement.
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