Un nouveau médicament pour améliorer le bégaiement ?

Depuis trente ans, la rispéridone est généralement prescrite pour lutter contre les troubles bipolaires. Elle pourrait avoir une toute autre indication.

Environ 1% de la population française est bègue, soit plus de 600 000 personnes. Généralement, ce trouble de la fluidité de la parole est associé à des niveaux élevés du neurotransmetteur dopamine.

Selon une étude menée par une université de Californie, à Riverside (États-Unis), les astrocytes (des cellules en forme d'étoile présentes dans le cerveau et impliquées dans la fonction cérébrale) jouent un rôle important dans le bégaiement. "Notre étude suggère que le traitement avec le médicament rispéridone conduit à une activité accrue du striatum chez les personnes qui bégaient", a déclaré le Dr Gerald A. Maguire, professeur et directeur du Département de psychiatrie et de neurosciences à l'École de médecine UCR. Avant d’ajouter : "Le mécanisme de l'action de la rispéridone dans le bégaiement semble impliquer en partie une augmentation du métabolisme - ou de l'activité - des astrocytes dans le striatum". Les conclusions de cette nouvelle étude ont été publiées dans Frontiers in Neuroscience.

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Des récepteurs bloqués

Ce médicament existe depuis plus de trente ans et est généralement prescrit aux patients qui souffrent de schizophrénie ou de troubles bipolaires. La rispéridone agit en bloquant les récepteurs du cerveau sur lesquels la dopamine agit, empêchant ainsi une activité excessive. Les auteurs de cette étude ont trouvé des preuves que les astrocytes du striatum pourraient être impliqués dans la manière dont la rispéridone est capable de réduire le bégaiement. "Nous ne connaissons pas le mécanisme exact de la manière dont la rispéridone active les astrocytes dans le striatum. Ce que nous savons, c'est qu'elle active les astrocytes. Les astrocytes libèrent alors une molécule de signalisation qui affecte les neurones du striatum en bloquant leurs récepteurs dopaminergiques", ont noté les auteurs. Ces recherches pourraient donc aider les scientifiques à concevoir des médicaments qui ciblent les astrocytes.

Pour cette étude, les chercheurs ont mené un essai clinique randomisé, à double insu et contrôlé par placebo, auprès de dix adultes pour observer les effets de la rispéridone sur le métabolisme cérébral. La moitié du panel a reçu de la rispéridone pendant six semaines (0,5-2,0 mg/jour) et les cinq autres ont pris une pilule placebo. Ceux qui ont reçu de la rispéridone ont montré une absorption plus élevée du glucose - c'est-à-dire un métabolisme plus élevé - dans des régions spécifiques du cerveau, selon des analyses effectuées après un traitement actif.

"Naturellement, et anormalement, l'absorption de glucose est faible dans le bégaiement - une caractéristique commune à de nombreuses conditions neurodéveloppementales", a déclaré le chercheur Gerald Maguire. Avant d’ajouter : "Mais la rispéridone semble compenser le déficit en augmentant le métabolisme, en particulier, dans le striatum gauche. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour mieux comprendre cela. Les techniques de neuroimagerie que nous avons utilisées pour visualiser les changements dans le cerveau de ceux qui bégaient peuvent fournir des informations précieuses sur la physiopathologie du trouble et guider le développement d'interventions futures".

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